La photographie en 3D de sujets de petite taille est pratiquée depuis longtemps en 2 temps sans que cela ne nécessite de moyens particuliers. Certains ont aussi réalisé des dispositifs pour de la proxi-stéréo instantanée, en particulier avec un système à miroir semi transparent.
(voir ma page internet faisant le bilan des techniques utilisables : http://www.monamiph.eu/photo/Macro/macro3D.htm )
Mais au dela du rapport 1, ces techniques ne peuvent pas facilement être mises en œuvre du fait de l’encombrement des appareils qui est incompatible avec la faible base nécessaire à fort grandissement. La seule solution passe par l’usage de stéréomicroscopes avec double sortie photo.
Déjà, dans les années 1990, j’avais vu des résultats de cette technique présentés en diapositives à un congrès du Stéréo Club Français par le photographe Guy Ventouillac. Il avait pu profiter de matériel Zeiss de chirurgie opératoire et montrait en relief des images d’opérations de l’œil, en restant à relativement faible grossissement.
L’achat en occasion il y a 2 ans, d’un stéréomicroscope Wild M7S m’a fait ré-envisager cette possibilité plus facile à gérer en numérique actuellement. Je me suis mis en chasse pour des sorties de microscope opératoire Leica/Wild. Avec un répartiteur à miroir semi transparent ou un prisme sur chaque trajet, cela permet en effet de doubler les 2 canaux de vision par 2 sorties photo. Un membre du naturaliste m’a fait obtenir un répartiteur, un autre une sortie pour 24x36, mais je n’ai malheureusement pas encore pu en dénicher une 2e identique. Par contre une veille attentive des occasions sur le net m’a permis d’acheter successivement 2 sorties vidéo en monture C. Elles sont compatibles avec les appareils Nikon one dont je possède 2 modèles : un J1 et un V1. Voici le dispositif utilisé :
A noter, le levier sur le répartiteur qui permet de diaphragmer.
Avec ce système photo, il est difficile de parler en terme de grandissement du fait des petits capteurs utilisés en Nikon one. Je préfère donner les champs minimum et maximum qui sont de 33 et de 6,5 mm. Cela correspond au zoom 5 fois de la Wild M7S sans accessoires. C’est un peu faible car à titre de comparaison, le macroscope Wild permet d’atteindre avec le même type de boitier un champ 2 fois plus petit. Mais c’est aussi proche des possibilités de 1x à 5x du MPE -65 sur un appareil 24x36. Il est bien sur nécessaire de noter la position du zoom pour connaitre le grandissement réalisé…
Voici un premier exemple de résultat avec des plis de feuilles d’une mousse Neckera crispa
La qualité n’est pas extraordinaire, mais cela permet de documenter rapidement une observation en 3D.
Grace à une télécommande infrarouge identique pour les 2 boitiers, je peux déclencher simultanément et donc envisager la photo d’insectes vivants jusqu’à un fort rapport. Bien sur, il ne faut pas qu’ils soient trop mobiles et qu’ils sortent du champ trop rapidement ! Mais c’est un avantage par rapport à la technique de la zédification qui n’est possible qu’avec des sujets parfaitement immobiles pendant toute la durée des prises de vue. Cela vaut même pour les végétaux comme les bryophytes qui ont tendance à se dessécher et donc à se déplacer pendant les séances de zédifications.
Voici une fourmi qui peut très rapidement traverser le champ !
En contrepartie, cette technique ne bénéficie pas d’une grande profondeur de champ. Il est possible de diaphragmer un peu pour l’augmenter, mais cela s’accompagne bien sur d’une dégradation de l’image par diffraction.
2e image de cette fourmi plus calme car réfugiée sur un coté du pot de prise de vue !
On peut envisager de coupler la prise de vue stéréo et la zédification. Mais on perd alors la rapidité du procédé. On a un peu moins de détails sur les clichés zédifiés car pour les 2 piles, c’est le bord de l’objectif qui est utilisé. Par contre ces 2 vues plus obliques peuvent révéler un peu plus largement des détails cachés de coté que la vue axiale classique .
Image d’une hépatique aquatique : Chiloscyphus polyanthus (L.)Corda
La 3D permet de mieux comprendre le mode d’insertion des feuilles de type succube.
Malgré ses inconvénients, je retiens cette technique pour la prise de vue in vivo de fortes macro stéréo. Bien sur cela reste très encombrant et il serait difficile d’envisager de sortir le système sur le terrain. Sauf à installer un minilabo sur une table pour minimiser le déplacement des sujets et les relâcher ensuite dans leur biotope. Mais c’est malheureusement aussi le cas des systèmes mono à grandissements équivalents. Même si c’est dans une moindre mesure, un MPE-65 reste difficile à utiliser sur le terrain avec des sujets trop mobiles et on doit passer très souvent par un mini studio pour réaliser des clichés. Je reste admiratif des stacks à forts grandissements in vivo qui nécessitent des insectes très coopératifs !
Les micro-minéralogistes ont moins de problèmes. Leurs sujets n’étant pas vivants, ils n’ont pas de scrupules à prélever sur le terrain et à réaliser ensuite en labo les prises de vues pour de superbes zédifications.