Préparation d’une radula de Patelle Patella vulgata
L’animal est fixé et conservé dans de l’alcool à 95% (alcool industriel). La coquille est dorsale (photo 1). A l’aide d’un canif passé entre la coquille et le corps de l’animal, on détache la coquille. L’ensemble de la préparation (qui n’est pas une dissection académique !) se fait à sec, à l’aide de deux paires de brucelles et de ciseaux très fins, après avoir épongé l’excédent d’alcool. En vue ventrale (photo 2) on voit le pied musculeux grâce auquel l’animal adhérait fortement au rocher, et, à droite de l’image, la bouche, les deux tentacules un peu plus sombres. A la périphérie, c’est le bord du manteau qui fabrique la coquille. Retournons l’animal pour le voir en vue dorsale (photo 3). Les viscères sont recouverts par une paroi mince qui apparait en gris un peu plus foncé sur la photo. Il faudra, à l’aide de ciseaux très fins, découper un volet en suivant le bord de la paroi, le trajet est souligné par un trait rose sur la photo. Une fois la paroi ôtée (photo 4), la masse viscérale apparait. Elle n’est pas solidaire du pied : une sonde est passée entre le pied et la masse viscérale. Sur la photo 4, toujours en vue dorsale, la tête est à droite, on voit le dessus de la bouche et les deux tentacules. Le grand arc par transparence dans la masse viscérale est la radula.
Basculer la masse viscérale vers l’avant (photo 5). Attention, changement d’orientation, la tête est à gauche, la masse viscérale est basculée par-dessus la tête : on voit le dessus du pied, concave, et l’insertion de la radula dans la tête. Pour la photo 6, la tête est revenue à droite. Entre 5 et 6, à l’aide de brucelles fines (style Dumont n° 5 inox), on a libéré soigneusement la radula de toutes ses attaches avec les viscères. Près de la tête, les deux masses de part et d’autre de la radula sont probablement les glandes salivaires. On remarque que la radula est contenue dans un sac transparent, le sac radulaire, et que la radula, dépliée, serait bien plus longue que le diamètre de la coquille. Elle a un trajet en U, les deux branches du U étroitement accolées l’une à l’autre, et le tout formant une grande anse.
A ce stade, on peut couper la masse viscérale (photo 7) et disséquer finement la partie antérieure de la radula pour mettre en évidence les deux ailes transparentes qui recouvrent le bulbe buccal et sur lesquelles les muscles qui assurent le mouvement de va-et-vient de la radula s’insèrent (photo 8).
En coupant soigneusement (sous binoculaire) ces attaches musculaires, on isole la radula encore dans son sac radulaire avec quelques brides, attaches ou lambeaux de muscles (photo 9). La masse à l’extrémité distale de la radula, que l’on voit depuis la photo 6 est la glande qui fabrique la radula.
Avant d’arriver à l’observation au microscope (photo 10, de profil), il faut laisser la radula dans l’eau de Javel diluée à 50 %. C’est sans doute la soude de l’eau de Javel, plus que l’hypochlorite de sodium, qui va attaquer le sac radulaire, les fragments de muscles ou de tissu conjonctif qui y adhèrent encore. Il faut surveiller attentivement cette digestion. Dès que la radula est propre, on peut la rincer soigneusement puis l’observer au microscope (photo 10). On en découpera des tronçons, observations dans l'eau, montage dans l'Aquates, la glycérine gélatinée, le baume du Canada ....
Je posterai une autre fois la préparation de la radula d'un Buccin Buccinum undatum, un peu plus compliquée parce que la radula est contenue dans une trompe.
Bonne préparation,
Cordialement
Gérard Breton