Bonjour.
Il me semble avoir compris ce qui ne va pas (à 3 heures du matin, dans mon sommeil agité).
Ayant lu diverses publications montrant que les blobs sont capables de "résoudre" des problèmes et qu'ils seraient donc munis d'une proto-conscience, j'ai cherché et trouvé ces publications qui devaient être un point de départ afin de m'informer sur cette proto-conscience.
Dans la série de mots < ESPRIT; INTELLIGENCE ; AME ; CONSCIENCE ; COGNITION ; PENSEE > il y a un mot-piège (pour ce qui nous concerne ici) et un mot qui peut être conservé. Le mot-piège est CONSCIENCE et le mot à conserver est INTELLIGENCE, puisqu'il s'agit de résolution de problèmes.
CONSCIENCE est un mot-piège car il n'est pas nécessaire d'être conscient pour résoudre des problèmes. Outre l'expression bien connue "la nuit porte conseil" et le fait, par exemple, comme tout automobiliste doit le savoir, que l'on se déplace dans le trafic sans être conscient de tous "actes" mentaux qui se produisent (changer de vitesse, repérer le trajet à suivre, les panneaux de signalisation,...) ou celui du pianiste qui exécute son morceau, il y a le cas, que tu connais certainement, du chimpanzé qui mémorise en un temps extraordinairement court une série de chiffres qui apparaissent sur un écran, et, lorsque les chiffres disparaissent, est capable, en un temps aussi extraordinairement court, de toucher l'écran tactile à l'endroit où les chiffres sont apparus, dans l'ordre. Je crois que dans le documentaire on signale qu'un être humain ne peut en faire autant. Pourquoi serait-il nécessaire d'imaginer que le chimpanzé est conscient de ce qu'il fait et, surtout, qu'il fait appel à cette conscience pour résoudre ce problème ? Je pense qu'il en va de même pour
Physarum.
"problème difficile de la conscience" de David Chalmers
Si je ne me trompe, ce problème est celui des "qualia" : comment, par exemple, le cerveau produit-il une sensation de couleur verte en réponse à la perception par l'œil d'une lumière d'une certaine longueur d'onde. Comme ce problème n'est pas (pas encore) résolu par la science et que notre conscience de nous-mêmes est tout aussi mystérieuse, n'avons-nous pas tendance à imaginer que tout phénomène non résolu en biologie doit être attribué à l'intervention d'un processus mystérieux ? Au contraire, comme dans les exemples ci-dessus,
Physarum peut fonctionner comme nos réseaux neuronaux qui résolvent des problèmes sans que nous en soyons conscients.
Précédemment, j'ai utilisé l'expression "ressenti logique" pour désigner l'activité d'un protozoaire qui fait marche arrière quand il rencontre un obstacle. Même si ce comportement a été fixé par l'évolution (par essai et erreur) de telle sorte qu'il est aujourd'hui automatique, j'ai appris dans un des articles que tu m'as proposés que des paramécies pouvaient apprendre un nouveau comportement (sortir plus rapidement d'un tube étroit). Dans ce cas également, il n'est pas nécessaire de parler de conscience, nos circuits neuronaux apprennent eux aussi,
inconsciemment. Si j'ai utilisé l'expression "ressenti logique", c'est parce que j'étais moi-même sous l'influence du mot-piège. Mais aussi parce que je cherchais un moyen-terme entre l'animal-machine et ce que pouvaient penser des microscopistes du XIXème siècle quand ils observaient des protozoaires (cfr H. S. Jennings) et projetaient sur eux, par anthropomorphisme, leur propre conscience. J'envisageais qu'il devait y avoir une continuité entre deux sortes de vécus subjectifs, le logique et le psychique. Maintenant je pense que c'était encore de l'anthropomorphisme et que le mot "ressenti" (la "sentience", dans un des articles ; voir aussi
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sentience ) devrait être banni du vocabulaire du microscopiste (même si
Physarum peut être macroscopique). Et que la proto-conscience est une illusion.