Bonjour à tous,
Comme me le répétait mon directeur de thèse, il faut savoir finir !
alors aussi imparfait soit-il, je vous livre ce sujet que je prépare depuis plus d'un mois maintenant... Je vous présente donc la plus grande des 3 espèces de Cigales de ce petit coin du Minervois. C'est une année exceptionnelle pour les Cigales selon le témoignage unanime des habitants.
Lyristes plebejus (Scopoli, 1763) - Cigale plébéienne (Cicadidae)
Observée en juin 2017, aux Tuileries d’Affiac, à Peyriac-Minervois (11).
Caractères spécifiques discriminants : la longueur du corps comprise ici entre 34 et 35 mm ; les taches noires sur les ailes ; les nervures alaires. (Voir le pdf téléchargeable : CLE ILLUSTREE DES CIGALES DE FRANCE CONTINENTALE.)
Après 5 années passées sous terre, voici enfin le moment tant attendu de la métamorphose finale. La température du sol augmentant à l’approche de l’été, la nymphe remonte sous la surface, et c’est la chaleur qui déclenche la sortie de terre de la larve. Il n’est pas rare d’ailleurs que des brûlis de printemps provoquent leur sortie prématurée et c’est ainsi que l’on peut entendre dès mars ou avril des Cigales chanter hors saison…
Si il y a un arbre à proximité, elle monte jusqu’à plus d’un mètre, si il n’y a qu’une courte graminée, tant pis, 10-15 cm suffiront…
Remarquez le terrier bien rond sans gravats autour d'où est sortie cette nymphe perchée sur une graminée basse :
Dans des endroits favorables, on peut compter jusqu'à plus de 10/m² de ces terriers bien ronds.
Les exuvies se rencontrent un peu partout, sur les végétaux bien sûr, mais aussi sur les murs, poteaux, pneus... et elles traverseront les saisons, tant elles sont solides.
Les robustes pattes fouisseuses de la larve sont bien visibles sur les exuvies :
[Image obtenue par zédification de 15 images empilées par le logiciel de focus stacking Helicon Focus 6.6]
Cependant, lorsqu’on regarde l’extrémité de ces organes fouisseurs avec un fort grossissement, on a la surprise de découvrir un « doigt » d’apparence fragile à son extrémité et une abondante pilosité qui ne semble pas usée par les frottements que la fonction d’excavation entraine… Ce « doigt » est en fait le tarse qui chez la larve souterraine est replié vers l’intérieur, donc protégé, mais qui chez l’exuvie est orienté vers l’extrémité pour faciliter l’extraction des pattes de l’adulte.
[Image obtenue par zédification de 13 et 19 images empilées par le logiciel de focus stacking Helicon Focus 6.6]
Si les poils et les divers éléments de la larve ne sont pas usés, c’est tout simplement parce que les larves de Cigales ne sont pas des mineurs de fond frénétiques de la galerie. Elles n’en font d’ailleurs pas, se contentant de rejeter la terre derrière elles, jusqu’à rencontrer la racine où elles pourront se nourrir en s’abreuvant. Elles se font alors une loge aux parois compactées et se nourrissent tant que la racine fournit, ou tant que la température le permet, où jusqu’à la prochaine mue qui les forceront à changer de pâturage…
Et puis elles possèdent une astuce physiologique : elles ramollissent la terre avec leur urine, qui est acheminée par capillarité depuis l’extrémité postérieure de leur corps à leurs pattes fouisseuses par deux gouttières. Non seulement cette urine ramollit la terre, mais elle permet de la cimenter après compactage. Du coup la loge d’habitation est solidement maçonnée !