de Maraussan » 20 Fév 2017 15:44
Sait on pourquoi les objectifs de l'Ouest se délaminent plus que ceux de l'Est ?
Bonjour,
primo, je serais tenté de dire "se délaminaient", car c'est du passé, en ce sens que cela concerne les séries d'objectifs Zeiss Ouest en filetage RMS et longueur de tube 160mm des années 1970-1980, soit au bas mot du matériel de plus de quarante ans... d'avant la génération des optiques infinies.
Deuxio, la délamination est un phénomène propre à tous les collages à la colle optique époxy bi-composant (*1), appliquée trop rapidement sur des verres optiques laissés à température ambiante. Ces colles sont toutes caractérisées par un taux de retrait dimensionnel au environ de 4% (ce qui est très important), induisant après polymérisation des tensions mécaniques considérables. La délamination est induite des années plus tard, par la migration d'ions métalliques contenus dans les verres optiques nouveaux (des années 1970), zone interface verre/colle, et qui neutralisent les forces atomiques à l'origine de l'adhésion (*2). Les tensions effectuent le reste du travail, jusqu'à l'équilibre des forces, le verre s'est séparé de la colle.
La solution fut trouvée : colles passivées, et appliquées sur des verres optiques préalablement dilatés en étuve afin d'égaliser les tensions après polymérisation, lors de la phase de descente vers des températures ambiantes. Pour certains verres minéraux récalcitrants de très haute qualité, c'est la dernière couche de dépôt anti-reflet qui isole chimiquement le verre de l'adhésif (*3). En conclusion, un process industriel avec d'avantage de manipulations, plus long, plus technique, et plus couteux pour Zeiss Ouest.
En un mot, le sujet est complexe.
Mais j'ai toujours été étonné de constater que les optiques Zeiss Jena Est (d'avant la réunification Allemande de 1990), tant en RMS/160mm qu'en séries Infiny, ne furent jamais sujettes au phénomène. Différences de composition des verres de Schott Est Germany (*4) ? Application d'un étuvage préalable ? Autres formulations de colles (Zeiss Jena achetait à l'Ouest ces colles époxy) ?
(*1) colles qui vers les années 1950/1960 commencèrent à remplacer les classiques collages au Baume du Canada.
(*2) les araldites anciennes générations ne collaient que quelques mois des pièces d'acier cadmiées. Une pichenette pouvait alors les séparer. C'est un exemple qui illustre bien la transformation d'un matériel organique complexe au simple contact d'un métal.
(*3) les traitements dénommés "anti-reflets" possèdent bien d'autres fonctions que la simple option d'atténuer un éventuel reflet. Sur ce sujet, les constructeurs ne communiquent que fort peu...
(*) Les usines Schott étaient aussi, comme Zeiss, en 2 exemplaires, à l'Est et à l'Ouest...