Bonjour,
L’an dernier déjà, j’avais observé de nombreux méloés dans mon petit jardin. Je les retrouve cette année encore, en Avril 2016, rescapés des phytosanitaires déversés sur les centaines d’hectares de terres à maïs voisines.
Ces coléoptères de la famille des Meloideae sont très caractéristiques avec leur allure pataude, allongée et une livrée noire ou bleuté.
L’animal est un Meloe (Meloe) violaceus MARSHAM, 1802 ; il mesure une trentaine de millimètres de longueur.
Il s'agit d'un mâle ici avec les antennes courbées au milieu.
Je l’ai observé sur des plants de ficaires. L’animal fréquente les lieux humides (c’est le cas chez moi) dans les lisières où on le rencontre dévorant les feuilles de ficaires. Salade pour le moins improbable quand on sait que la ficaire (Ficaria verna, famille des Renonculaceae) renferme des hétérosides vésicants et toxiques (protoanémonine entre-autres).
Mais passons, la physiologie de ces coléoptères n’est pas la nôtre. De plus, la bête pratique l’autohémorrhée lorsqu’elle est inquiétée, des gouttelettes de liquide acre sourdent de ses articulations. Cela suffit peut-être à dissuader d’éventuels prédateurs de poursuivre leur acharnement sur une telle proie par trop facile autrement.
A ce propos, une observation ancienne de la qualité vésicante de l’hémolymphe de nos petites bêtes.
(C’est pris dans le Journal de Chimie médicale – Tome V p.206 et cela date de 1829)
Il est vrai que la protoanémonine contenue dans les feuilles de la ficaire présente une certaine parenté chimique avec la cantharidine de l’hémolymphe des méloidés : diverses espèces de Meloe et Lytta vesicatoria, la célèbre cantharide, pour ne prendre que ces deux exemples.
Je me demande donc si les méloidés ne synthétisent pas leur cantharidine à partir des anémonines présentes dans leur alimentation. J’en doute un peu car la cantharide boulotte des feuilles de frêne, de troène et de sureau qui ne sont point des renoncules comme grignotent nos méloés.
En tous les cas, le petit coléoptère est très doué génétiquement pour synthétiser pareille molécule ! Bigre, le parfait "petit chimiste".