Meloe printaniers bis


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Meloe printaniers bis

Messagede YVES50 » 05 Avr 2016 16:34

Bonjour,
L’an dernier déjà, j’avais observé de nombreux méloés dans mon petit jardin. Je les retrouve cette année encore, en Avril 2016, rescapés des phytosanitaires déversés sur les centaines d’hectares de terres à maïs voisines.
Ces coléoptères de la famille des Meloideae sont très caractéristiques avec leur allure pataude, allongée et une livrée noire ou bleuté.
L’animal est un Meloe (Meloe) violaceus MARSHAM, 1802 ; il mesure une trentaine de millimètres de longueur.
Il s'agit d'un mâle ici avec les antennes courbées au milieu.
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Je l’ai observé sur des plants de ficaires. L’animal fréquente les lieux humides (c’est le cas chez moi) dans les lisières où on le rencontre dévorant les feuilles de ficaires. Salade pour le moins improbable quand on sait que la ficaire (Ficaria verna, famille des Renonculaceae) renferme des hétérosides vésicants et toxiques (protoanémonine entre-autres).
Mais passons, la physiologie de ces coléoptères n’est pas la nôtre. De plus, la bête pratique l’autohémorrhée lorsqu’elle est inquiétée, des gouttelettes de liquide acre sourdent de ses articulations. Cela suffit peut-être à dissuader d’éventuels prédateurs de poursuivre leur acharnement sur une telle proie par trop facile autrement.
A ce propos, une observation ancienne de la qualité vésicante de l’hémolymphe de nos petites bêtes.
(C’est pris dans le Journal de Chimie médicale – Tome V p.206 et cela date de 1829)
Jpurnal de Chimie Médicale, 1829 Tome V p. 206 .jpg
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Il est vrai que la protoanémonine contenue dans les feuilles de la ficaire présente une certaine parenté chimique avec la cantharidine de l’hémolymphe des méloidés : diverses espèces de Meloe et Lytta vesicatoria, la célèbre cantharide, pour ne prendre que ces deux exemples.
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Je me demande donc si les méloidés ne synthétisent pas leur cantharidine à partir des anémonines présentes dans leur alimentation. J’en doute un peu car la cantharide boulotte des feuilles de frêne, de troène et de sureau qui ne sont point des renoncules comme grignotent nos méloés.
En tous les cas, le petit coléoptère est très doué génétiquement pour synthétiser pareille molécule ! Bigre, le parfait "petit chimiste".

Cordialement,
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Re: Meloe printaniers bis

Messagede YVES50 » 05 Avr 2016 17:27

L’étymologie du genre Meloe créé par Linné en 1758 est obscure :

Systema Naturae – CAROLI LINNAEI, 1758 –dixième édition –p. 419
Systema Naturae 1758 Dixième édition.jpg
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LINNE ne donne pas ses sources et ne prend pas en compte Meloe violaceus bien sûr, décrit un demi-siècle plus tard par MARSHAM.
Littéralement Meloe viendrait du grec μελοι (meloi) ou encore μηλοι (meloi aussi) avec cette diphtongue en fin de mot οι donnant oe en graphie latine.
Et bien non, cela ne pouvait pas être aussi simple dans l’esprit du grand Linné. Ces mots sont absents du dictionnaire d’Anatole Bailly. Charles a donc composé le nom générique à partir de μελι (meli en graphie latine) qui signifie « miel et sorte de gomme coulant de certains arbres » ou/et de μελος (melos) c'est-à-dire « membre, articulation, aussi bien chez l’homme que chez les animaux »
Il est probable que Linné ait ainsi voulu évoquer le fait qu’un liquide plus ou moins fluide sortait par les articulations de l'insecte... ce qui nous ramène au réflexe d’autohémorhée observé chez les méloés.
Ouf !
Cordialement,
Yves
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Re: Meloe printaniers bis

Messagede YVES50 » 06 Avr 2016 17:04

Une femelle cette fois-ci (antennes non coudées) broutant les feuilles de ficaire.
En inquiétant un peu l'insecte, son hémolymphe est sortie par ses articulations et sa bouche, sous la forme de minuscules gouttelettes ambrées.
Appliquées sur la peau, elles ne provoquent pas de vésication particulière.

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