Bonjour le forum !
Je suis content de voir que ces quelques photos ont suscité votre intérêt. Je vais essayer de répondre aux questions qui m'ont été posées dans l'ordre (ou presque).
À propos des techniques « minimalistes » en général : je suis tenté de croire que, quelle que soit la technique utilisée, la seule chose qui compte en définitive est la quantité d'information de bonne qualité qu'elle permet d'obtenir. En lisant certaines discussions fort intéressantes sur ce forum (bien avant de m'y inscrire pour y participer), j'ai cru comprendre qu'il y a au moins 3 points cruciaux (en mycologie, tout au moins, je ne connais que ça) :
D'abord, les contrastes et la finesse du matériel à observer. Je suis convaincu qu'un colorant bien utilisé et un tissu suffisamment dilacéré par percussion entre lame et lamelle suffisent à obtenir un résultat potable, même avec un microscope chinois d'entrée de gamme (assez différent, malgré ses défauts manifestes, des microscopes jouets dont les optiques sont quant à elles vraiment inutilisables). Ce n'est pas toujours facile à faire (polypores
), même si les tissus souvent mous des champignons s'y prêtent tout particulièrement.
Ensuite, la qualité de l'optique et de l'éclairage (condenseur, objectif, oculaire). À ce niveau, il n'y a pour ainsi dire que deux préoccupations : réduire les artefacts les plus difficiles à corriger par la suite (lumière aussi « blanche » que possible, planéité des objectifs, maintien des contrastes, etc.) et augmenter le pouvoir séparateur avec des ON élevées. Pour ma part, j'utilise un microscope « sans marque » à peu près comparable à l'Optim 5 du catalogue Jeulin (mais acheté il y a plusieurs années... depuis, hélas, les prix sont devenus assez dissuasifs). Ses optiques sont correctes mais, pour la microphoto, après quelques essais peu convaincants (avec un appareil photo reflex argentique Canon), je me suis équipé d'un objectif Zeiss d'occasion (plan semi-apo x63, ON 1.25). À mon grand regret, j'ai abandonné l'argentique car peu propice aux traitements par ordinateur. Je n'ai pas non plus essayé de trouver un apo complet d'ON 1.4 car, pour le coup, mon condenseur d'Abbe n'aurait pas pu suivre.
Enfin, le nombre et surtout la qualité des pixels récupérés par le capteur. Je suis plutôt sceptique sur l'intérêt quasi exclusif porté au nombre de pixels (équivalent pour les amateurs d'informatique : l'intérêt quasi exclusif porté au nombre de Go d'un disque dur). Il y a certes une limite en dessous de laquelle il ne faut pas tomber (l'image est constituée de petits carrés), mais il y a aussi un point à partir duquel c'est surtout la qualité des pixels qui prévaut. Or beaucoup de capteurs ne distinguent pas bien les nuances, surtout quand elles sont peu marquées et très rapprochées. Le capteur d'un téléphone mobile, cela va sans dire, en fait partie ! Ce n'est pas un problème si l'on a réussi, en amont, à obtenir de bons contrastes.
Conclusion : l'utilisation d'un téléphone mobile pose quelques contraintes. Ainsi, lorsqu'une préparation n'est pas très bonne et/ou pas très contrastée, on ne peut strictement rien en faire (mis à part l'observation seule). En revanche, dès qu'on a pris soin des deux points évoqués plus haut, la troisième limitation n'est plus un problème, ce qui me permet de dire, comme Christian, que l'on peut ainsi obtenir
des résultats assez bluffants. Attention toutefois : Christian a raison de rappeler qu'on ne peut pas non plus tout faire avec de telles approches. Je ne tirerai jamais le portrait détaillé d'une mycène comme ça !
À propos du traitement informatique des images : Gimp me permet généralement de faire des retouches simples concernant la luminosité et le contraste. J'évite de trop toucher à la netteté, au renforcement des contours, etc., car ces algorithmes opèrent sur les données existantes et finissent, quand on en abuse, par ajouter du bruit. Pour tout ça, je préfère utiliser la technique du focus stacking : je prends plusieurs images, que je fusionne ensuite avec un logiciel comme CombineZM (conçu pour Microsoft Windows, mais fonctionne aussi sous GNU/Linux avec wine et les deux bibliothèques appropriées, fftw3.dll (pour les transformées de Fourier utilisées lors de la synthèse des images) et gdiplus.dll (pour les tracés)). Je vous joins une petite illustration du procédé :
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exemple.jpg (71.83 Kio) Vu 6156 fois
Arf, ma réponse est un peu longue
. J'ai beaucoup écrit sans trop m'en rendre compte. J'espère avoir répondu à quelques-unes de vos questions. Non, j'oubliais, il manque la question de Patrice. La
lame commerciale dont je parle était vendue avec le microscope jouet que mes parents m'avaient offert lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la microscopie. Je n'ai jamais réussi à observer son contenu avant d'utiliser un vrai microscope. D'après ce que je vois, elle a probablement été réalisée avec un vibratome. La coupe est nette; certaines spores sont sectionnées à mi-hauteur.
Cordialement,
Eddy