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Anomalie florale chez Leucoium aestivum. Quel déterminisme?

MessagePosté: 02 Mai 2010 18:04
de Daniel
Dans une station de Leucoium aestivum observée dans l'Héraut fin avril dernier, à coté d'une majorité de plantes à constitution normale, quelques inflorescences montraient des fleurs anormales.

Les pièces florales externes, plus vertes qu'habituellement y sont en nombreux cycles supplémentaires. Elles forment des inflorescences serrées à l'intérieur du cycle de tépales externes. Dans chaque "sous fleur", des étamines très serrées car surabondantes, sont présentes. Elles ne semblent pas arriver à maturité C'est le cas aussi des pièces femelles, si celles-ci sont présentes car ces fleurs ne montrent pas d'évolution en fruit comme plusieurs sur les plantes normales alors en fin de floraison.
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Exif et Meta MicroCartouche 10-04-26L_aestivum16r.jpg (90.16 Kio) Vu 2706 fois

Des observations de tératologie végétale sont occasionnelles: pélories de linaires, pétales labellomorphes d'orchidées...

Elles sont intéressantes car elles posent des questions à plusieurs niveaux pour des spécialistes de génétique végétale:
- Il est facile d'imaginer des défauts de fonctionnement de gènes homéotiques. Quels travaux ont été fait sur ce sujet? Existe t il des articles de vulgarisation à propos du déterminisme génétique de la morphologie florale?

- Des disfonctionnements simillaires ont été signalés de puis longtemps par des botanistes; mais a t on une idée d'une éventuelle augmentation de leur fréquence qui indiquerait la présence de plus en plus d'agents tératogènes dans le milieu?

- Les horticulteurs sélectionnent depuis longtemps ce genre de formes lorsqu'elles se reproduisent. Ils en font des cultivars. A t on une idée des techniques employées pour produire par exemple des genèts colorés en rose au lieu du jaune habituel?

Cordialement

Re: Anomalie florale chez Leucoium aestivum. Quel déterminisme?

MessagePosté: 10 Mai 2010 19:10
de Eddy
Bonjour,

Voici un embryon de réponse : les études menées chez Arabidopsis thaliana ont permis de développer un modèle appelé ABC. Ce modèle fait appel à trois groupes de gènes (groupes A, B et C d'où le nom) qui interfèrent pour organiser les pièces florales. Une introduction dans ce PDF (à partir de la page 8).

Pour l'augmentation de fréquence : c'est à mon avis difficile à prouver. L'augmentation possible de la teneur en agents tératogènes dans le milieu est peut-être combinée à d'autres paramètres. Par exemple, certains gènes du groupe ABC sont peut-être pléiotropes : ils peuvent avoir d'autres rôles à d'autres stades du développement de la plante, et certains mutants se révéler plus compétitifs (simple hypothèse).

Les techniques de sélection : une piste du côté de la sélection assistée par marqueurs (SAM). La SAM permet de s'assurer que le groupe de gènes d'intérêt (QTL ou Quantitative Trait Loci) est toujours présent d'un croisement à l'autre.

Cordialement,
Eddy

Re: Anomalie florale chez Leucoium aestivum. Quel déterminisme?

MessagePosté: 10 Mai 2010 20:38
de Daniel
Merci beaucoup pour le diaporama en pdf.
Les pages 7 à 10 me fournissent un modèle explicatif simple de mon observation.
Ces plantes doivent correspondre au type agamous-1 avec juste de nombreux tépales.
(les éléments blancs que j'ai pris pour des étamines immatures seraient des fleurs réduites remplaçant les pièces internes)
Ce type s'explique par l'absence du gène C.

Mais cela n'explique pas la ramification à l'intérieur de la fleur.
Le mécanisme implique peut être un gène Cauliflower.
Mais la je ne suis plus les détails!!

Le site du gnis biotechnologies végétales est intéressant aussi, mais je n'y ai pas vu évoqué les exemples qui m'intriguent en horticulture (origine des narcisses roses horticoles par exemple).
Il y a toutefois un exemple portant aussi sur des pigments végétaux: des plants de coton produisant des fibres colorées pour éviter d'avoir recours à une teinture, ont été cités.

Merci encore pour ces liens. Je reste intéréssé par des compléments d'information en horticulture. J'ai l'impression que c'est un domaine ou le grand public accepte plus facilement des innovations que pour des OGM alimentaires.

Re: Anomalie florale chez Leucoium aestivum. Quel déterminisme?

MessagePosté: 11 Mai 2010 00:42
de Christian
Bonjour à tous,
Je suis très intéressé par votre conversation et apprécie aussi beaucoup certaines créations d'horticulteurs (orchidées hybrides primaires ou complexes, plus rarement d'autres fleurs).

Daniel a écrit:J'ai l'impression que c'est un domaine ou le grand public accepte plus facilement des innovations que pour des OGM alimentaires.

Bien que la cuisine française aime bien innover, on ne fait pas ingurgiter à nos enfants des salades de narcisses ou des cassolettes d'œillets de fleuriste … et heureusement ! ;)
Pour "l'anecdote", c'est en donnant en dépannage (stupidement !) des feuilles de rosiers de culture aux phasmes de mes enfants que nous les avions tous fait crever en moins de trois jours ! :?
(malgré un nettoyage sérieux des feuilles, mais ici c'était visiblement inutile vu le taux élevé de pesticides et autres joyeusetés)

Re: Anomalie florale chez Leucoium aestivum. Quel déterminisme?

MessagePosté: 11 Mai 2010 10:34
de Eddy
Bonjour le forum,

Daniel a écrit:J'ai l'impression que c'est un domaine ou le grand public accepte plus facilement des innovations que pour des OGM alimentaires.

Sans aucun doute. Pourtant, la sélection assistée par marqueurs (SAM) et la transgenèse participent d'une même idée. Comme le dit Christian, il faut probablement chercher la cause de ce paradoxe dans la nature des plantes produites : plantes d'ornement, etc. par opposition aux produits destinés à l'alimentation. J'imagine qu'il doit aussi y avoir d'autres raisons liées à la manière dont l'info est présentée au public.

Je vais chercher plus d'infos du côté de cauliflower. Il y a pas mal d'articles sur ce sujet, et peut-être des revues intéressantes.

Cordialement,
Eddy