La vigne

[6le20]

Bonjour à tous

on m'a demandé un projet d'article de 500 mots illustré de 5 photos. (C'est toujours un exercice intéressant de contenir un sujet dans un cadre défini..., celui-ci fait 501 mots !)

Je vous le soumets...
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Tout le monde connait la Vigne, puisqu’il suffit de regarder autour de nous ! C’est encore aujourd’hui la plante la plus cultivée en Languedoc. Mais permettez-moi de vous en présenter quelques aspects peu connus.

Tout d’abord, à l’état naturel, c’est une liane sarmenteuse conçue pour grimper aux arbres dont elle recouvre les frondaisons en retombant jusqu’au sol ! Difficile à concevoir lorsque l’on voit les rangs taillés ras chaque année pour de simples impératifs de production tout à fait compréhensibles. Il est même nécessaire de la retailler en août pour pouvoir y circuler au moment de la vendange… car cette plante vigoureuse fabrique plusieurs mètres de sarments en une saison et les vignes deviendraient rapidement un fouillis inextricable où il serait impossible de pénétrer.

La vigne que nous connaissons (Vitis vinifera Linné, 1753) a parcouru un long voyage dans le temps. La forme sauvage, la Lambrusque (Vitis sylvestris Gmel.,1805) est déjà connue des hommes au néolithique, il y a 11.000 ans. Avec le réchauffement postglaciaire, nous savons qu’il y a 8.000 ans elle s’implante sur tout le pourtour méditerranéen, en Europe du Sud ainsi qu’en Asie Centrale et Mineure. C’est dans cette dernière partie du monde qu’elle aurait été domestiquée.

Ce sont les Grecs qui importent dans la région de Marseille les premières cultures domestiquées destinées à faire du vin, environ 600 ans avant JC. Eux-mêmes avaient emprunté la technique antérieurement en Asie Mineure.

Depuis, les romains aidant, la production de vin est devenue une activité économique prépondérante pour notre région, avec des ruptures de triste mémoire qui ont gravement affecté le Midi, comme le phylloxera qui ruinera des dizaines de milliers de familles et il faudra 30 années de travail acharné pour dominer cette crise.

Entre cette vigne mécanisée d’aujourd’hui et les premières cultures grecques, 2.600 ans se sont écoulés…

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Au mois de mai, les fleurs sortent sous forme de grappes dressées et s’épanouissent.

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Les fleurs de la Vigne sont particulières. Leurs pétales verts forment un capuchon floral protecteur. Lorsque la fleur s’ouvre, ces pétales se détachent immédiatement laissant les organes reproducteurs mâles, les étamines, se déployer en couronne autour du pistil.
Une autre particularité peu connue : leur parfum est agréable…

[Images obtenues par zédification respectivement de 15 et 12 images empilées par le logiciel de focus stacking Helicon Focus 6.6]

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Lorsque la fleur s’ouvre, les grains de pollen se dispersent mais certains tombent dans le pistil central où ils germent (autofécondation).

Ce pollen est bombé et possède 3 fentes latérales où se situent les pores germinatifs. Sa surface est couverte de petits replis (rangée du bas).

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Les vertus médicinale de la vigne vont bien au-delà de la consommation régulière (et modérée) de vin.

Depuis la plus haute antiquité ses feuilles sont utilisées pour toutes les maladies du système veineux, des jambes lourdes aux varices en passant par les hémorroïdes. Mais aussi dans les problèmes de calculs rénaux ou de la vésicule, et les troubles de la ménopause. Leurs principes actifs sont d’ailleurs toujours utilisés dans certains médicaments modernes.

[André]

Bonjour Sylvain

Très intéressant ton petit topo sur la vigne !
Sur la vigne sauvage :
Vitis vinifera subsp.sylvestris (C.C.Gmel.) Hegi est une espèce dioique que l'on trouve d'ailleurs à l'état sauvage en Alsace dans les forêt rhénane : c'est une espèce qui aime avoir les pieds dans l'eau et la tête au soleil . Elle recherche des sols à réserve en eau importante : caractère indicateur: mésohygrophile à hygrocline ).
Elle est protégée en France .

Tu as trouvé une fleur à 6 étamines ce qui est plutôt rare car la vigne possède 5 étamines en général.

[6le20]

Bonjour André, merci de ton commentaire.

Contenir en 500 mots un ensemble d’informations est frustrant, car il oblige à faire des choix, par exemple à Thèbes il y a une mosaïque de treille en espalier datée de 3.800 ans, comme quoi les égyptiens connaissaient la vigne, mais j’ignore s’ils en vinifiaient les fruits.

Sur Vitis sylvestris :
- effectivement les botanistes en font une variété de V. vinifera, mais cela me choque, car celle-ci est le résultat de la domestication de la première si j’ai bien tout compris. Pour moi c’est comme de dire que le sanglier est une sous espèce du cochon domestique… et de placer ainsi les créations humaines avant celles de la nature dont elles sont issues…
- Par ailleurs si Vitis sylvestris est protégée et réduite à un milieu « racines dans l’eau », c’est simplement parce qu’elle a failli totalement disparaitre lors de l’introduction du phylloxéra (Daktulosphaira vitifoliae (Fitch.) et que seules les plantes habitant dans ce biotope particulier peuvent résister aux larves de l’insecte hémiptère toujours présent. C’est d’ailleurs aussi le cas de quelques rares vignes anciennes par chez moi.)

Sur les fleurs photographiées :
- Je dois préciser que les fleurs ouvertes photographiées sont issues d’un pied de vigne ensauvagé, c’est-à-dire que le la vigne a été arrachée et que les racines ont donné le jour à un plan « américain » issu du porte-greffe. Dans le cas présent il doit s’agir de Vitis labrusca Linné chez qui les fleurs possèdent effectivement 6 pétales et 6 étamines.
- La photo en vis-à-vis est celle d’un cépage à 5 pétales, qui visiblement fleurit un peu plus tard.

[André]

Sur Vitis sylvestris :
- effectivement les botanistes en font une variété de V. vinifera, mais cela me choque, car celle-ci est le résultat de la domestication de la première si j’ai bien tout compris. Pour moi c’est comme de dire que le sanglier est une sous espèce du cochon domestique… et de placer ainsi les créations humaines avant celles de la nature dont elles sont issues…

En fait Vitis vinifera L. se décline en 2 sous espèces : ssp vinifera et ssp sylvestris ...donc en quelque sorte un ancêtre commun pour le sanglier et le cochon .

- Par ailleurs si Vitis sylvestris est protégée et réduite à un milieu « racines dans l’eau », c’est simplement parce qu’elle a failli totalement disparaitre lors de l’introduction du phylloxéra (Daktulosphaira vitifoliae (Fitch.) et que seules les plantes habitant dans ce biotope particulier peuvent résister aux larves de l’insecte hémiptère toujours présent. C’est d’ailleurs aussi le cas de quelques rares vignes anciennes par chez moi.)

Note que Vitis sylvestris devait trouver son compte dans les forêts alluviales puisqu'elle s'y trouvait avant l'apparition du phylloxera , ce qui est d'ailleurs le cas d'autres espèces comme V.labrusca, V.riparia qui est d'ailleurs comme porte greffe car résistant au phyloxera.

[BINO-BONI]

Bonjour
Le phylloxera ne peut pas vivre dans les sols contenant moins de 5% d'argile. D'où l'implantation de la collection nationale ampélographique du domaine de Vassale installée sur les sables littoraux entre Sète et Agde. Cette collection est installée en "franc de pied", donc non greffée sur porte greffes américains résistants.
D'autres vignobles languedociens étaient établis en franc de pied sur des sols plus argileux. Pour résister, l'opération de "survie" consistait à submerger la vigne en période de repos végétatif pour détruite le Phylloxera qui, il n'est pas inutile de le rappeler, est un puceron qui se développe sur les racines (provoquant de nodosités empêchant la circulation de la sève) et sur feuilles mais sans gêne pour la plante.

[6le20]

Salut André, je poursuis le débat (en toute amitié !)

En fait Vitis vinifera L. se décline en 2 sous espèces : ssp vinifera et ssp sylvestris ...donc en quelque sorte un ancêtre commun pour le sanglier et le cochon .

Et bien non justement ! Le cochon descend du sanglier par sélection orientée, souvent en croisant le père avec ses filles, puis avec ses petites filles. Cette consanguinité crée de la perte et fait dégénérer l'espèce, mais permet de stabiliser les caractères recherchés. il n'est donc pas question d'un ancêtre commun. (ces techniques d'élevages sont détaillées par Darwin himself dans les 2/3 de son œuvre majeure).

Je pense que c'est le code de nomenclature qui donne la priorité à Vitis vinifera, mais en toute logique biologique, celle-ci ne devrait être considérée que comme une sous espèce de l'espèce sauvage, puisqu'elle en est issue par sélection orientée et non par sélection naturelle comme le font les isolats.


En ce qui concerne l'habitat naturel de la Lambrusque, si elle est cantonnée aujourd'hui dans ce biotope "pieds dans l'eau", ce n'était pas le cas antérieurement. C'est dans les Pyrénées que l'on trouve les plus fortes populations actuelles et elle n'est pas cantonnée aux forêts alluviales, mais se trouve parfois sur les pentes, comme j'ai pu l'observer en Ariège et sur le plateau de Sault. Je pense que c'est la tolérance de la plante à l'inondation des racines qui l'a sauvé, mais que ce n'était en aucun cas un habitat obligatoire pour elle.

[André]

Et pourtant,selon la Flore forestière , Rameau, Mansion, Dumé , Gauberville 2008, Vitis vinifera ssp sylvestris est une espèce mésohygrophile à hygrocline en l'occurence sols à réserves en eau importantes ...stations à bilan hydrique excédentaire.