Une algue verte rouge ?
Posté: 13 Mar 2017 19:39
Bonsoir à tous,
Dans le sud de la Sarthe, une coupelle de « dessous de pot de fleurs » en plastique blanc exposé aux intempéries tout l’hiver avait connu des alternances de remplissage à l’eau de pluie et de dessiccation, sans jamais se trouver exposée directement au soleil. Le 5 mars 2017, je constate que sur le fond encore mouillé s’était développé un organisme de couleur rouge, sans doute une algue…
…qui avait d’ailleurs motivé un gastropode qui avait traversé la coupelle en mangeant avec gourmandise (du moins j’imagine) à grands coups de radula.
Je racle un peu de cet organisme rouge brique et, entre lame et lamelle, en préparation temporaire dans l’eau j’observe (outre quelques cyanobactéries qui seront présentées par ailleurs après vérification) des cellules sphériques, aux dimensions étonnamment dispersées pour une population naturelle (cette remarque ne s’applique pas aux diatomées ni à certains groupes de protistes végétaux comme on le verra plus loin) puisque nos cellules mesurent en majorité de 16 à 30 µm de diamètre.
J’attendais des Porphyridium purpureum (Bory) Drew & Ross, algues rouges (au double sens systématique et chromatique du mot) unicellulaires. Ce n’est pas le cas : nos cellules sont trop grosses et ne montrent pas clairement le plaste central étoilé des Porphyridium !
En effet, la structure du contenu cellulaire de nos algues est confuse : pas de plaste bien défini et une vacuole éventuelle n’est pas visible… Le Lugol ne fait qu’assombrir des cellules déjà bien opaques sans marquer clairement de pyrénoïde.
J’en suis arrivé à l’idée que notre population appartient au groupe des Chlorophytes, Chlorococcales. Attribuer au groupe des algues vertes une algue de couleur rouge n’est pas impensable, la couleur rouge existe chez des algues vertes aériennes ou subaériennes, par exemple dans le genre Trentepohlia (voir par exemple viewtopic.php?p=95402#p95402). D’autre part, le groupe des Chlorococcales montre, dans ses populations naturelles une variabilité de la taille des cellules importante. Pourrait-il s’agir d’un Chlorococcum sp. (et j’ose même suggérer Chlorococcum infusionum (Schrank) Meneghini (1842) chez qui les conditions d’exposition auraient favorisé la production de carotènes masquant la chlorophylle ?
Quelqu’un a-t-il déjà rencontré (et identifié) ce genre de choses ?
Une question supplémentaire me tarabuste : est-ce le même organisme qui développe des traînées rouges sur les murs verticaux en crépi exposés à la pluie ?
Et je me permets, à l'attention de Clément qui se pose beaucoup de questions, de citer et souligner ce qu'a dit aujourd'hui Sylvain-des-Corbières (excuse moi, Sylvain, mais je n'ai jamais su résister à un mauvais calembour!)
"Du coup il nous faut de l'humilité et accepter que nous ne puissions nommer au premier coup d'oeil ce que nous voyons"
Cordialement à tous
Gérard Breton
Dans le sud de la Sarthe, une coupelle de « dessous de pot de fleurs » en plastique blanc exposé aux intempéries tout l’hiver avait connu des alternances de remplissage à l’eau de pluie et de dessiccation, sans jamais se trouver exposée directement au soleil. Le 5 mars 2017, je constate que sur le fond encore mouillé s’était développé un organisme de couleur rouge, sans doute une algue…
…qui avait d’ailleurs motivé un gastropode qui avait traversé la coupelle en mangeant avec gourmandise (du moins j’imagine) à grands coups de radula.
Je racle un peu de cet organisme rouge brique et, entre lame et lamelle, en préparation temporaire dans l’eau j’observe (outre quelques cyanobactéries qui seront présentées par ailleurs après vérification) des cellules sphériques, aux dimensions étonnamment dispersées pour une population naturelle (cette remarque ne s’applique pas aux diatomées ni à certains groupes de protistes végétaux comme on le verra plus loin) puisque nos cellules mesurent en majorité de 16 à 30 µm de diamètre.
J’attendais des Porphyridium purpureum (Bory) Drew & Ross, algues rouges (au double sens systématique et chromatique du mot) unicellulaires. Ce n’est pas le cas : nos cellules sont trop grosses et ne montrent pas clairement le plaste central étoilé des Porphyridium !
En effet, la structure du contenu cellulaire de nos algues est confuse : pas de plaste bien défini et une vacuole éventuelle n’est pas visible… Le Lugol ne fait qu’assombrir des cellules déjà bien opaques sans marquer clairement de pyrénoïde.
J’en suis arrivé à l’idée que notre population appartient au groupe des Chlorophytes, Chlorococcales. Attribuer au groupe des algues vertes une algue de couleur rouge n’est pas impensable, la couleur rouge existe chez des algues vertes aériennes ou subaériennes, par exemple dans le genre Trentepohlia (voir par exemple viewtopic.php?p=95402#p95402). D’autre part, le groupe des Chlorococcales montre, dans ses populations naturelles une variabilité de la taille des cellules importante. Pourrait-il s’agir d’un Chlorococcum sp. (et j’ose même suggérer Chlorococcum infusionum (Schrank) Meneghini (1842) chez qui les conditions d’exposition auraient favorisé la production de carotènes masquant la chlorophylle ?
Quelqu’un a-t-il déjà rencontré (et identifié) ce genre de choses ?
Une question supplémentaire me tarabuste : est-ce le même organisme qui développe des traînées rouges sur les murs verticaux en crépi exposés à la pluie ?
Et je me permets, à l'attention de Clément qui se pose beaucoup de questions, de citer et souligner ce qu'a dit aujourd'hui Sylvain-des-Corbières (excuse moi, Sylvain, mais je n'ai jamais su résister à un mauvais calembour!)
"Du coup il nous faut de l'humilité et accepter que nous ne puissions nommer au premier coup d'oeil ce que nous voyons"
Cordialement à tous
Gérard Breton