le scolyte du frêne

Quelques curiosités de l'étymologie- Quelques brins de philogénie...

le scolyte du frêne

Messagede YVES50 » 08 Mai 2016 17:49

L’après-midi, 18° C à l’ombre en ce début de Mai, œuvrant à quelque tâche indispensable en mon jardin, me voilà envahi par une nuée de minuscules coléoptères voletant alentour d’un tas de bois coupé à la fin de l’hiver. Comme tous les 7 ans à peu près, je taille les cépées de frêne et noisetier… Ne rien perdre, parcimonie oblige, cela fera du combustible pour démarrer le poêle l’hiver prochain. Rien à voir avec le grand gaspillage des exploitants agricoles qui font des feux d’enfer avec leurs coupes.
coupe_de_bois_frene_et_noisetier.jpg
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Sur le bois coupé, les insectes, en grand nombre, ne se laissent guère approcher par la pince souple de l’entomologiste. Dès qu’ils ont aperçu l’instrument ils se laissent choir immédiatement au sol. Perdu !
Afin de prélever plus efficacement les minuscules bestioles, il suffit de se vêtir d’un vêtement clair et de se placer dans l’essaim virevoltant. Aussitôt l’on est recouvert des ces petites bêtes. Il suffit alors de les saisir délicatement entre le pouce et l’index. Ce dispositif anatomique simple s’avère autrement plus efficace et précis que l’objet précédent. La suite se passe avec la binoculaire car il est improbable de photographier ces coléoptères posés sur le bois coupé. L’objectif de l’appareil photo les inquiète visiblement, surtout avec la bague macro. La mise au point exige alors une distance de travail beaucoup trop réduite.
Malgré tout, un résultat médiocre :
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... et avec la bino, sur une tranche de frêne :
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Ce minuscule coléoptère,Leperesinus fraxini PANZER, 1799 (auparavant Hylesinus fraxini) appartient à la famille des scolytes (Scolytidae). Très commun en France selon BALACHOWSKY, son aire de répartition suit celle du frêne qui constitue son habitat normal. Il a été signalé sur l’olivier et le lilas, nidifiant sur le tronc, les grosses branches et même sur les brindilles. Les galeries larvaires impressionnent fortement l’aubier, les logettes nymphales sont sculptées dans le bois. Le « scolyte du frêne » vit aussi bien sur les arbres vigoureux que dépérissants et s’attaque même aux sujets abattus.
Venons-en à l’étymologie du genre. Pas de souci pour Hylesinus FABRICIUS, 1801. Selon Rémy PERRIER et Anatole BAILLY, c’est d’une grande limpidité :
… du Grec σινεναι (graphies latines sinene) qui signifie « pilleur » et ύλε (hyle) « des bois » On trouve également dans le dictionnaire BAILLY σινος (sinos) « lésion d’où ruine, malheur, fléau » et σινις (sinis) « qui endommage, fait du tort, dévastateur, malfaiteur » On retrouve là le mot « sinistre » qui cause bien des dommages à nos bonnes compagnies d’assurance. Bien, jusqu’ici ça va. FABRICIUS était fort inspiré quand il a créé ce genre de scolytes.
Seulement voilà, Edmund REITTER a créé un genre nouveau en 1913 pour séparer deux espèces du genre original (fraxini qui nous occupe et son compère orni, espèce très voisine que l’on peut séparer notamment par la coloration des tibias). Ce nouveau genre Leperesinus ne cause aucune difficulté pour « sinus » bien entendu mais « lepere » est autrement plus embarrassant. N’ayant pu accéder à l’ouvrage original d’Edmund REITTER (Bestimmungstabelle der BorkenKafer aus Europa, seconde édition, 1913), j’en suis réduit à consulter le dictionnaire BAILLY qui ne donne aucune racine valable pour « lepere » Tout au plus voit-on λεπος (lepos) signifiant « enveloppe, écaille » ou bien λοιπος (lepos encore) « le restant ». Pourquoi pas la première idée… les larves de ce scolyte s’attaquent en effet à la partie périphérique du bois de frêne, sous l’écorce, son « enveloppe » donc pourrait-on dire. Bon, c’est un peu « tiré par les cheveux ».
Si un de nos confrères naturalistes avait accès à l’ouvrage du grand REITTER, on pourrait peut-être y voir plus clair (à condition toutefois que l’entomologiste ait mentionné ses étymologies… cela n’était guère l’usage à l'époque).
Voici le portrait du monsieur, prodigieux entomologiste autrichien (1845 – 1920)
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Cordialement,
Yves
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Re: le scolyte du frêne

Messagede Gérard-Breton » 08 Mai 2016 21:35

Bonjour Yves, tous,

Voilà une étude comme je les aime, pour l'aspect naturaliste et pour l'étymologie.

Chapeau.

Gérard Breton
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