Evolution, phylogénie, systématique, et tout ça...

Quelques curiosités de l'étymologie- Quelques brins de philogénie...

Re: Evolution, phylogénie, systématique, et tout ça...

Messagede Gerard78 » 26 Mai 2010 14:45

Bonjour tout le monde!
Un grand bravo à ceux qui sont restés! :prost: :prost:
Pour les autres, qu'ils se rassurent, on commence à voir pointer l'extrémité du bout du tunnel! :loco:

Résumé: le cladogramme est établi sur la base de caractères partagés (synapomorphies) par les unités taxinomiques, formant des groupes monophylétiques (clades).
On va poursuivre en effectuant un petit retour sur quelques notions précédemment évoquées.
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Cladistique 3
1- les caractères, leur codage
On a dit plus haut qu'il s'agit de "descripteurs" portant des "états", deux généralement (oui/non; présence/absence par exemple), mais il n'est pas interdit d'utiliser des états multiples.
Il faut ici survoler quelques questions induites:
- les caractères non-informatifs. Il s'agit de caractères partagés par l'ensemble des objets étudiés. Exemple, si on s'intéresse aux papillons par exemple, il est inutile de retenir des caractères tels que "existe sur la planète Terre", "porte des écailles sur les ailes", "meurt un jour", etc.
Non seulement ils ne sont d'aucun intérêt, mais de plus perturbent les mesures de solidité des arbres obtenus.
Si l'on reprend l'exemple de l'arbre figuré plus haut (clado2) et que l'on adjoint 10 nouveaux caractères, tous partagés de la même manière par les taxons étudiés, la topologie de l'arbre ne sera pas modifiée, mais en revanche sa longueur passera de 6 à 16 pas, et l'indice de cohérence (voir plus bas) passera de 0.82 à 0.93, donnant le sentiment d'une "meilleure" cohérence du cladogramme.
Celle-ci est pourtant artificielle.
On en trouvait un très bel exemple dans la matrice proposée par le site de l'INRP, mais, bizarre, depuis que j'ai cité une page de ce site, elle a disparu... Quelle étrangissime coïncidence!... ;)
Sur le fond, c'est effectivement préférable, mais sur la forme, c'est pour le moins cavalier... Z'avaient un peu honte, sans doute....
M'enfin... continuons!
- la "total evidence". L'idée est de retenir tous les caractères informatifs pour l'analyse. Pour compléter, on lira avec profit Lecointre & Deleporte (2005)* et Farias et al. (2000)** où on trouvera (fig. 5) un cladogramme reposant sur 1400 caractères.
Il se pose une question cependant (parmi d'autres!), relative au codage par exemple de fossiles dont on ne possède que des éléments parcellaires. Dans ce cas, il est possible de faire mention d'un caractère à l'état inconnu ("?") dans la matrice, qui est alors traité par les logiciels d'analyse phylogénétique (on y reviendra) et permet, dans le cas présent, d'intégrer le fossile.
Je propose un exemple ci-dessous.
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Nota: le taxon fossile est surligné en rose
Il s'agit de l'étude d'une larve d'Ephemeroptera fossile, du Miocène, nouveau genre (Pseudokageronia).
Figurent ici le cladogramme, la liste des caractères affectés du "?" chez le fossile, et la matrice.
Dès l'abord, il faut remarquer qu'il y a 16 caractères pour 7 taxons étudiés (hors groupe externe) soit effectivement dans la "règle" du 2x +1 caractères (n = nb de taxons).
Les états de caractères manquants chez le fossile sont ceux des pièces buccales, des épines sur les griffes, et de la 7ème branchie, invisibles sur l'empreinte dans la diatomite.
Malgré ces caractères manquants, un cladogramme a pu être construit, ce qui a permis de proposer l'érection d'un nouveau genre, et de lui assigner une position basale.
On notera au passage (explications plus loin) que l'indice de cohérence (IC) est de 0.60.
Si besoin, l'article originel est téléchargeable là:
http://www.famu.org/mayfly/pubs/pub_m/pubmasselotg1999p61.pdf
*LECOINTRE G. & DELEPORTE P. 2005. Total evidence requires exclusion of phylogenetically misleading data. Zoologica Scripta, 34(1): 101–117 (téléchargeable ici: http://www.mnhn.fr/glecointre/docs/061_Lecointre-Deleporte.pdf )
**FARIAS I.P., ORTÍ G. & MEYER A. 2000. Total Evidence: Molecules, Morphology, and the Phylogenetics of Cichlid Fishes. Journal of Experimental Zoology (MOL DEV EVOL) 288:76–92 (téléchargeable ici
golab.unl.edu/publications/Farias%202000.pdf
[NOTA: le lien fonctionne, mais impossible de l'encadrer par les balises html ad hoc... Moi, pas comprendre, faire donc un copier/coller dans votre navigateur)

2- la polarisation des caractères, la notion de groupe externe (outgroup)
L'état d'un caractère est dit "dérivé", ou apomorphe, par confrontation avec un (des) groupe (s) externe (s), considéré(s) alors comme "ancestral" ou plésiomorphe. Dans l'exemple ci-dessus, on a choisi le genre Oligoneuriella comme groupe externe sur la base d'un travail précédent (McCafferty WP. 1991. Toward a phylogenetic classification of the Ephemeroptera (Insecta): A commentary on systematics. Annals of the Entomological Society of America 84(4):343-360, téléchargeable là: http://www.famu.org/mayfly/pubs/pub_m/pubmccaffertyw1991p343.pdf)
En toute logique, il eût été également possible de choisir le groupe-frère du clade [Heptageniidae+Oligoneuridae], soit les Isonychiidae (Isonychia ignota étant le représentant -rare- de cette famille pour la France).
Ainsi, le choix du groupe externe, lors d'une analyse cladistique, nécessite de se référer aux travaux précédents relatifs à la phylogénie du groupe étudié.

3- arbre minimal, parcimonie
Je rappelle que la longueur (L) d'un arbre est le nombre de transformations minimales nécessaires à sa résolution.
La méthode choisie est celle dite de la parcimonie. J'insiste ici pour rappeler qu'il s'agit d'une méthode, et non d'un principe, comme pourtant on le lit trop souvent. Une méthode est un simple outil, un principe une forme d'axiome, un dogme.
L'idée de parcimonie n'est pas neuve: Copernic (dont on vient de retrouver les restes), l'a implicitement évoquée, considérant que la théorie de Ptolémée (le soleil tournant autour de la terre) avait un "coût" plus élevé que la sienne, laquelle minimisait le nombre de relations terre/soleil pour chaque planète. C'est une approche "parcimonieuse" avant la lettre...

On peut décrire trois types de parcimonie:
- parcimonie de Camin-Sokal (réversions non admises), Camin & Sokal (1965)*
- parcimonie de Dollo (convergences non admises), Le Quesne (1972)**, Farris (1977)***
- parcimonie de Wagner (convergences et réversions admises). Kluge & Farris (1969)****, Farris (1970)*****
Si l'on désire le minimum de scénarisation, il faut éviter tout "blocage" évolutif implicite.
De ce fait, j'utilise pour ma part la parcimonie de Wagner, presque exclusivement, à charge évidemment de discuter les homoplasies
sur le cladogramme .

* Camin J. H. & Sokal R. R. 1965. A method for deducing branching sequences in phylogeny. Evolution, 19: 311-326.
** LeQuesne W. J. 1972. Further studies based on the uniquely derived character concept. Syst. Zool., 21(3): 281-288.
*** Farris, J. S. 1977. Phylogenetic analysis under Dollo's law. Syst. Zool., 26: 78-88.
**** Kluge A. G. & Farris J. S. 1969. Quantitative phyletics and the evolution of anurans. Syst. Zool., 18(1): 1-32.
***** Farris J. S. 1970. Methods for computing Wagner trees. Syst. Zool., 19: 83-92.

Enfin, pour les fous (et un chouia matheux!), on peut se procurer le très intéressant ALBERT V. A. (Ed.) 2005. Parsimony, Phylogenetics and Genomics. Oxford University Press, Oxford, ix + 229 p. chez les libraires en ligne du web.

4- Indice de cohérence
Lorsque j'ai obtenu un arbre minimal, j'ai besoin d'en évaluer la cohérence.
Je n'aborderai pas ici les techniques de bootstrap, jacknife et autres, qu'on pourra traiter ultérieurement, si besoin.
Qui dit cohérence, dit mesure de l'homoplasie, ennemie jurée du cladiste!
Kluge & Farris ont ainsi créé un indice (Consistency Index en anglais, Indice de Cohérence par chez nous...) qui renvoie, de manière synthétique, la situation de l'arbre en termes d'homoplasies.
Défini comme "le rapport entre le nombre minimum (R) de transformations qui sont nécessaires pour expliquer les états de tous les caractères et le nombre effectif de transformations (L) dans l'arbre considéré." (Darlu & Tassy, 1993), il est beaucoup plus simple à comprendre au travers d'un exemple.
Chaque caractère peut présenter des états distincts (codés 0, 1, 2, 3, etc...). On calcule, pour chaque caractère, son amplitude, c'est-à-dire le nombre de changements d'états possibles, moins un.
Pour un caractère pouvant présenter les états (0, 1, 2) soit 3 états, l'amplitude sera de 3-1 =2.
L'amplitude totale (A) est la somme des amplitudes par caractères. Dans le cas du cladogramme "Pseudokageronia" visible ci-dessus, A est de:
1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+2+2+1+1+1= 18
On connait la longueur L de l'arbre (dans l'exemple, L = 30), on en déduit donc IC = A/L = 18/30 = 0,60...
A noter que le point d'interrogation (caractères 5, 12, 13, 14, 15, 16 de l'exemple) équivaut à l'état le plus "élévé" pour le caractère (rappel: le "?" représente tous les états possibles, soit pour le caractère 12 par exemple, les valeurs 0, 1 ou 2).
Pour la lecture, on retiendra que plus l'IC est élevé, moins il y a d'homoplasies, l'idéal étant un IC de 1, bien entendu (zéro homoplasie).
Des nuances sont à apporter, que l'on trouvera développées dans le Darlu & Tassy, ainsi d'ailleurs qu'un exposé sur l'IR, Indice de Rétention.

5- Attributs:
Un cladogramme prend également tout son intérêt lorsque les groupes monophylétiques sont confrontés à des données externes, par exemple du milieu. Pour ce faire, on code ces données externes, on peut les inclure dans la matrice (en les rendant inactives pour le calcul), et on en examine la congruence avec les unités taxinomiques.
C'est une des grandes forces de la cladistique vs. la phénétique que de permettre ces comparaisons, puisque les informations ne sont pas délayées dans une "bouillie distancielle" mais au contraire, lisibles une par une...

Noter aussi qu'il existe au moins un logiciel de comparaison d'arbres (on en reparlera lors de la description des principaux outils informatiques) autorisant la lecture face à face par exemple d'un arbre phylogénétique "parasite" et de son acolyte "hôte".
C'est un bel outil d'étude des co-évolutions.

La fois prochaine, si personne ne m'a voué aux gémonies :oops: , on abordera:
- petit vade-mecum à l'usage du lecteur de cladogrammes,
- les applications exotiques de la cladistique,
La fois suivante on parlera des logiciels, agrémentés d'une liste bibliographique de base.
On terminera le pensum infligé à l'insu de vot' plein gré par la taxinomie, et autres questions qui me seront venues à l'esprit d'ici là!

Bonne journée!
Amicalement
Gérard


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Re: Evolution, phylogénie, systématique, et tout ça...

Messagede Gerard78 » 15 Juin 2010 21:20

Bonjour tout le monde!
Je me suis tu (calmé?) quelque temps, par respect pour vos neurones... et aussi par flemme et influence des sirènes printanières du terrain! ;)
On recommence donc la saga (normal, il pleut ces derniers jours), mais j'ai un peu modifié mon plan.
En effet, je préfère, après un petit vade-mecum à l'usage des lecteurs de cladogrammes, aborder directement les logiciels.
Ainsi, un sujet complet (le suivant) abordera les applications "exotiques" de la parcimonie, car il m'a semblé intéressant de nous y arrêter un peu, s'agissant d'approches résolument "modernes".
Ensuite, on passera à la taxinomie.
Donc, on repart!
:prost: Note à nos administrateurs chéris: surtout, me dire franchement si je lasse!

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Cladistique (4)
1- comment lire un cladogramme?
On trouvera ci-après quelques "trucs" très simples pour faciliter la lecture d'un cladogramme, et partant, ne pas se trouver totalement démuni face à un article scientifique.
- Premier conseil: décortiqur le paragraphe "matériel et méthodes". Celui-ci est en effet d'une importance cruciale dans tout article scientifique, puisqu'il doit énoncer toutes les procédures employées par les auteurs pour aboutir aux conclusions de l'article. C'est la base, car de plus ces informations peuvent permettre, en théorie, au lecteur de reproduire le travail.
Doivent y figurer, outre les procédures strictement biologiques ou écologiques (par exemple: lieux de prélèvement, méthodes de fixation/coloration, outils d'analyse physico-chimiques, etc.), les méthodes d'analyse des données.
On regardera alors: le ou les logiciel(s) utilisé(s), la méthode de calcul, le groupe externe considéré, le codage des caractères (binaire? multi-état? état manquant -codage par "?"- etc.), le mode de codage (ordonnés ou non par exemple), la méthode de parcimonie choisie, etc.
Doivent figurer obligatoirement: la liste des caractères et leurs codes, la matrice de caractères et évidemment l'arbre ou les arbres obtenu(s), avec les divers indices.
On trouvera par exemple (mais il en traîne des myriades sur le net) une illustration de cette structure in CAMERON S. L. & O’DONOGHUE P. J. 2004. Morphometric and Cladistic Analyses Of The Phylogeny of Macropodinium (Ciliophora: Litostomatea: Macropodiniidae). Acta Protozool. 43: 43 - 53, téléchargeable là: http://www.nencki.gov.pl/pdf/ap/ap728.pdf
- Deuxième conseil: rechercher les groupes monophylétiques (clades) et décortiquer l'analyse des synapomorphies que font les auteurs. S'intéresser aux éventuelles polytomies. Voir quelles explications les auteurs donnent des homoplasies. Examiner si les auteurs utilisent des attributs pour vérifier les arbres obtenus.
- Troisième conseil: s'il s'agit d'un article de systématique phylogénétique, examiner s'il apporte novation du point de vue de la systématique (et partant, de la taxinomie des taxons étudiés). En profiter pour lire ou relire les précédents articles concernant le même sujet, afin de comprendre en quoi le nouveau papier peut être innovant. Surtout, se méfier des comparaisons entre des dendrogrammes phénétiques (c'est souvent le cas avec des données moléculaires) et des arbres cladistiques!

2- Les outils informatiques
On peut (en théorie!) construire les arbres à la main. Mais dès l'instant où le nombre de taxons et de caractères devient un peu élevé, c'est injouable!
L'apport de l'informatique a été déterminant pour la mise en oeuvre des méthodes d'analyse cladistique, et de nombreux chercheurs se sont attelés à construire des outils logiciels permettant de simplifier la vie du phylogénéticien...
Une liste (quasi) exhaustive est disponible sur ce site:http://evolution.genetics.washington.edu/phylip/software.html ou en pdf là: http://bioinf.may.ie/EMBO/data/joe.pdf
Attention cependant! Des liens sont inexistants, certains logiciels ont disparu de la surface de la terre, et surtout cette liste inclut tout et n'importe quoi (la phénétique est allègrement mélangée à la cladistique!). Aller surtout sur les pages "parcimonie". Mais on a le droit de visiter le musée aux gadgets, et même de s'étonner, hypocrites et narquois, devant le nombre de softs qui font dans le genre "ressemblance maximale"... :loc:
Pour mémoire, CQFD avec un précédent post où j'évoquais la multiplicité des méthodes phénétiques, et parlais de "bouillie distancielle"!

Cependant, les logiciels les plus utilisés restent Phylip, PAUP, et Hennig86.
Quelques mots de chacun.
Phylip: (PHYLIP, the PHYLogeny Inference Package) de Felsenstein et son équipe. Distribué depuis 1980...
http://evolution.genetics.washington.edu/phylip.html
http://bioweb.pasteur.fr/docs/phylip/doc/main.html
http://evolution.gs.washington.edu/pgbook/pgbook.pdf
http://bioweb.pasteur.fr/docs/phylip/doc/main.html#references
PHYLIP (version 3.6) comprend 35 programmes (Windows, Mac OS X, Mac OS 8 ou 9) rédigés en C (donc compilables sous Unix ou Linux).
Il est gratuit, et téléchargeable.
Le problème c'est que cette suite de programmes inclut à la fois la parcimonie, les méthodes de distances, le maximum de ressemblance, etc.
De plus, ce sont des outils peu maniables, et souffrant de problèmes conceptuels, voir Lorenzen & Sieg (2009).
C'est sans doute vrai qu'il y a sans doute 28,000 "registered users, some of them satisfied", comme l'écrit Felsenstein, mais pas moi!
Une critique (entre autres...) par: Lorenzen S. & Sieg J. 2009. PHYLIP, PAUP, and HENNIG 86 - How reliable are computer parsimony programs used in systematics? Journal of Zoological Systematics and Evolutionary Research 29(5-6): 466 - 472

PAUP: (Phylogenetic Analysis Using Parsimony) de David Swofford (Laboratory of Molecular Systematics, National Museum of Natural History, Smithsonian Instition, Washington).
http://paup.csit.fsu.edu/
Payant (de 85 à 150$ selon le système d'exploitation), utilisable initialement sous Mac, mais aussi sous DOS, Unix/Linux. Une version Windows existe.
Un manuel (en anglais, plus de 300 pages...) est disponible ici:http://paup.csit.fsu.edu/Paup_Doc_31.pdf, mais concerne la version 3.1.
Malgré cette ancienneté, il décrit parfaitement les fonctionnalités de PAUP.
C'est incontestablement un vrai logiciel de cladistique (certains disent la Ferrari...), même si, en prime, il propose quelques outils phénétiques!
Malheureusement, il est écrit pour fonctionner plutôt sous Mac.
De ce fait, il est parfaitement compatible avec le splendide éditeur MacClade (http://macclade.org/macclade.html).
Il est dommage que ce couple de logiciels n'aie pas été aussi construit pour fonctionner sous PC (sauf bien entendu à utiliser un émulateur Mac, mais là.... :grat: ).
Cependant, il est aussi possible de se contenter de PAUP seul, sur PC, de se servir des commandes en ligne pour son utilisation, et du logiciel gratuit Treeview (voir ci-après) pour l'édition et l'impression des arbres.
Je l'ai utilisé, avec bonheur, mais ne disposant plus d'un Mac, je me suis lassé des manips informatiques usantes...
Dommage. Oui, vraiment très dommage...

Hennig86: (Hennig86 version 1.5) James S. Farris, 1988
Payant (50$). Voir là: http://www.cladistics.org/education/hennig86.html
Le manuel (en pdf) en téléchargeable là: http://www.gwu.edu/~biology/docs/hennig86.pdf
J. S. Farris a créé Hennig86 en 1988 (voir Farris J. S. 1989. HENNIG86. A PC-DOS Program for Phylogenetic Analysis. Cladistics 5: 1-163).
C'est un logiciel de petite taille, peu gourmand en ressources mémoire, rapide, fonctionnant sur PC (sans coprocesseur math), pouvant travailler sur des matrices maximales de 180 taxons x 999 caractères.
Il est rapide (beaucoup plus que Phylip, parfois un peu plus que PAUP), et efficace.
En revanche, il est relativement peu convivial (travail en lignes de commande) sauf à utiliser un éditeur (Tree Gardener de RAMOS Tiago, 1997, Tree Gardener 2.2. Privately distributed by Thiago Courrol Ramos, Museu de Zoologia, Universidade de São Paulo, Brasil. ). Malheureusement, le lien vers le téléchargement de cet outil simple mais performant semble ne plus fonctionner...
Hennig86 présente l'avantage de permettre à peu près tous les calculs nécessaires (dont celui d'arbre de consensus), d'autoriser les "?" dans les états de caractères, donne évidemment les IC, IR, longueur des arbres, et permet aussi de travailler avec des attributs (en rendant ceux-ci inactifs lors du calcul de l'arbre).
Il n'est bien entendu pas "parasité" par une débauche d'outils phénétiques... quand bien même il dspose de la possibilité (inutile à mon sens) de pondérer des caractères, c'est-à-dire de leur donner un poids plus important que les autres lors du calcul (risque de scénarisation).
Pour moi, c'est, on l'aura deviné, mon outil de travail préféré, un peu par force (voir PAUP), mais on a parfaitement le droit d'avoir un autre avis!

Autres logiciels, en vrac:
TreeView:
C'est un programme (freeware) de visualisation des arbres (et d'impression). Il peut lire des arbres sous plusieurs formats: Nexus, Phylip, Hennig86, notamment. Exportation possible en fichier wmf. Existe pour PC (windows 32bits, Unix, Linux), et pour Mac.
Page de téléchargement: http://taxonomy.zoology.gla.ac.uk/rod/treeview.html
Le manuel est visible là: http://taxonomy.zoology.gla.ac.uk/rod/treeview/treeview_manual.html

Component: (gratuit)
COMPONENT est un petit programme d'analyse d'arbres, permettant notamment d'étudier les phénomènes de co-évolution (parasites/hôtes), biogéographie, etc.
Ecrit pour Windows, mais une version Mac existe. Le code source est disponible.
Tout est là (executable, manuel,http://taxonomy.zoology.gla.ac.uk/rod/cpw/index.html

TreeMap:
Petit soft (gratuit) permettant de comparer les phylogénies parasites/hôtes. Il permet aussi de créer des reconstructions de l'histoire des relations hôtes/parasites.
Fonctionne sous Windows et Macintosh.
Voir là:http://taxonomy.zoology.gla.ac.uk/rod/treemap.html
Pour terminer cette partie, notez qu'il existe une ribambelle de matrices réelles lisibles là (formats divers), pour tester vos outils...
http://www.gwu.edu/~clade/spiders/content/cladograms.html

Et voilà pour ce soir, ouf! :hit:

Evidemment, si questions, je peux répondre... au moins dans la limite de mes compétences!

La prochaine fois, on verra quelques applications exotiques de la méthode cladistique (et parcimonieuse).
Par exotiques, j'entends des applications par exemple en linguistique, écologie, médecine légale, etc... :?: :?:
J'espère ne pas encore avoir trop lassé...
Bonne soirée à tous!
A la prochaine...
Amicalement
Gérard


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Re: Evolution, phylogénie, systématique, et tout ça...

Messagede André » 17 Juin 2010 05:43

Bonjour à tous, Gerard

Note à nos administrateurs chéris: surtout, me dire franchement si je lasse!


Nous te suivons doucement.....Personnellement, j'ai l'intention d'imprimer le document dès que tu seras "arrivé au bout du tunnel" :D pour pouvoir tout reprendre tranquillement, même si les liens hyper-textes ne seront pas actifs!
J'attends particulièrement le chapitre sur la taxinomie.
Amicalement
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Re: Evolution, phylogénie, systématique, et tout ça...

Messagede Christian » 17 Juin 2010 16:57

Bonjour Gérard et André, tous,
Pour moi c'est tout sauf lassant ! Beaucoup de notions à intégrer, mais on peut y revenir, c'est le but !
André parlait d'imprimer, ce sera facilement possible si on utilise les nouvelles possibilités du portail (export en PDF).
Gérard, je te contacterai ces prochains jours pour te proposer quelques tests, si tu es d'accord …
(le traitement de texte sur le portail est vraiment autre chose que celui du forum, il permet entre autres de faire des sauts de page et créer un index automatique, par ailleurs les images sont moins limitées ! ;) )
Bien amicalement, Christian
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Re: Evolution, phylogénie, systématique, et tout ça...

Messagede Gerard78 » 17 Juin 2010 23:46

Bonsoir (bonjour vue l'heure!) André, Christian, tous...
Aucun problème pour me contacter, bien entendu, et prêt pour des tests! 8-)
J'en profite pour proposer la suite des réjouissances:
- sous peu (il faut que je conforte quelques infos), les applis "exotiques" de la cladistique/parcimonie
- ensuite direction le débat systématique/taxinomie, avec un baratin sur le "phylocode" :(
- ensuite, taxinomie, sa vie, son oeuvre, ses moeurs et ses dérives... En gros, on parlera des trois codes de nomenclature (le bota, le zool, et le bacterio). Il faudra sans doute plusieurs posts, parce que j'expliquerai des notions pas rigolotes comme type, holotype, lectotype, neotype et j'en passe!
- ensuite, probablement une compil. biblio, si possible à jour (je donne tout de suite une info. encore tiède, Guillaume Lecointre vient de sortir un Guide critique de l'évolution, 576PP 35.00€, que je n'ai pas encore lu, car pas encore arrivé sur mon bureau, mais que j'espère bien avoir potassé d'ici là!).
- enfin, probablement un FAQ, qui reprendra quelques questions-réponses données tout au long du périple, aux vaillants forumistes qui m'ont écrit en MP!)...
Voilà pour la fin du programme...
J'oubliais! Il s'est glissé quelques fôtes de frap' dans le dédale de mes élucubrations, que je tenterai de réparer in fine! :oops:
Voilà pour cette nuit froide de juin...
Bonne fin de nuitée!
Amicalement
Gérard


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Re: Evolution, phylogénie, systématique, et tout ça...

Messagede Gerard78 » 22 Juin 2010 15:11

Bonjour tout le monde,
Juste une toute petite information bibliographique en passant...
Se précipiter sur "Les dossiers de La Recherche", numéro 39, titré "La valse des espèces"...
Outre un excellent entretien avec Philippe Janvier, on y trouvera un historique des grandes dates en matière de classification/phylogénie (on retrouvera certaines des pistes que j'ai évoquées ici), un joli papier sur l'étude des insectes dans l'ambre (utilisation du synchrotron), des compléments sur la crise K/T (crétacé /tertiaire), des petites choses rigolotes écrites par Cuvier, etc...
Bref, de quoi se divertir!
Ah! J'oubliais, je n'ai évidemment aucune action chez La Recherche! :lol:
Bonne journée!
Amicalement
Gérard


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Re: Evolution, phylogénie, systématique, et tout ça...

Messagede pencarn » 07 Sep 2017 18:53

Salut Gerard que je découvre en lisant ton discours qui me réjouit fort..

D'abord j'aime lire le texte d'un homme qui prend la peine de penser, ensuite tu es du petit nombre capable d'écrire après midi au féminin et pas toujours au masculin. Enfin tu m'apprend bien des choses.

Merci et surtout continue.

jm
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