Bonsoir à tous,
Le récent sujet sur les sclérites d’holothuries présenté par Sylvain m’a rappelé une séquence de photos prises il y a 20 ans dans la région de Cerbère (Pyrénées-Orientales), et illustrant la reproduction des Holothuria tubulosa.
Dès que l’émission des phéromones donne le signal du début des festivités, les holothuries dressent leur corps, partie buccale vers le haut (c’est aussi la partie où débouchent les gonoductes) : en s’éloignant du substrat, cela assure une meilleure dispersion des gamètes dans l’eau de mer. Les mâles sont les plus spectaculaires, car le jet de spermatozoïdes est blanc, bien visible.
L’éjaculation dure quelques secondes, et est renouvelée – nous avions chronométré – en moyenne toutes les 45 secondes, et ceci pendant quelques heures, mais à tout de rôle (quand même !), puis nos pauvres concombres de mer, épuisés, se recouchent doucement sur le substrat, la même scène pourra se dérouler à nouveau le lendemain, voire le surlendemain.
Sur la Toile, vous verrez des quantités de clichés illustrant les éjaculations des holothuries mâles. C’est assez facile, il suffit d’en repérer une en pleine action et, au pire d’attendre 45 secondes…
Mais où sont passées les femelles ? Pas de dimorphisme sexuel évident en plongée. Donc, rechercher une holothurie érigée qui n’éjacule pas toutes les 45 secondes et patienter. Les émissions d’ovocytes sont beaucoup plus discrètes : de petits nuages rouges, et en plus les émissions sont furtives, et surtout espacées, nous avions chronométré 15 minutes. C’est long d’attendre 15 minutes… pour le plongeur ! Mais ces clichés sont gratifiants, je n’ai pas trouvé l’équivalent sur la Toile !
Et surtout, sur le site que nous avions étudié, il y avait beaucoup moins de femelles que de mâles, un sex-ratio déséquilibré ! Néanmoins, j’ai pu faire quelques photos, et sur les diapos, on voit, sous binoculaire, les ovocytes individuels (diamètre 200 µm), mais ils ont perdu du piqué au scan, malgré la résolution. Désolé, contentons-nous des petits nuages rouges…
Et pour conclure cela, un prélèvement de la « soupe gamétique » ambiante, ramené au labo, a montré quelques ovocytes et des myriades de spermatozoïdes. Nous avons même vu le soir en direct une fécondation, et les stagiaires, à une heure du matin, ne voulaient pas aller dormir avant d’avoir vu le stade 8 cellules de la segmentation, nous nous sommes contenté du stade 4 cellules car il y avait une plongée le lendemain à 8 h 30…
Bien cordialement
Gérard Breton