Bonjour à tous !
Il y a quelques jours, j'ai été installer des pièges pour tenter d'attraper des Callianasses: bide intégral qui m'a fait découvrir que les pièges à écrevisses ne sont pas adaptés à ces décapodes terricoles.
Même si les Callianasses m’ont échappé (pour l’instant !), j’en ai ramené 60 litres d’eau, quelques cailloux habillés ainsi qu'un peu de sédiment. J’ai installé le tout dans un aquarium, un peu à l’arrache je le confesse, et pendant que les particules fines retombaient, j’ai acheté sur internet une pompe à air moderne (soit disant silencieuse !), ainsi qu'une rampe de LEDs offrant pas mal de possibilités. J’ai installé une chaise devant l’aquarium (J’ai enfin la télé !) avec le G5 à portée de la main et j’ai commencé à observer ce qui se passait. Et il se passe toujours plein de choses dans un aquarium…
Ma première observation intéressante, je la dois à un Jujubinus gravinae (Dautzenberg, 1881) occupé à pondre frénétiquement, vers 3h du mat, sur la paroi face à moi (Souvent, chez les Mollusques gastéropodes, la mise en aquarium, provoque la ponte par choc thermique !).
Deux jour plus tard, j’ai sorti la carte mémoire de l’appareil et j’ai pu observer mes clichés. En examinant cette image latérale d’un Phorcus (c'est l'escargot), j’ai eu l’œil attiré par un objet (à droite du Mollusque) où l’on distingue un tas de petite anémones de couleur marron.
Tout excité (je suis tombé en amour il y a déjà bien longtemps de ces bestioles archaïques et fascinantes que l'on appelle les Cnidaires), j’ai pris une pince en bois, j’ai attrapé l’objet et je l’ai mis dans une boite transparente que j’ai placée sous l’objectif de mon installation macro. Et je suis parti à la découverte de ce qui vivait là !
C’est ainsi que j’ai découvert que la coquille qui servait de support à tout ce beau monde était toujours habitée… et que la bestiole remuait activement… C’est un Cerithium vulgatum Bruguière, 1792, dont voici le doux visage de son frère de cellule (on distingue de part et d’autre du mufle strié les palpes tentaculaires avec à leur base une excroissance portant l’œil noir).
Mais revenons à notre support de vie de 5 cm. En grossissant sa surface et en utilisant la technique de zédification qui permet d’assembler par logiciel interposé des tranches de netteté d’un objet, j’ai découvert que ces anémones n’en étaient pas. Les anémones vraies sont incapables de rentrer leurs tentacules à l’intérieur, tandis que les miennes le font. Ce sont donc plutôt des Actinies.
Sur cette image, l’œil averti découvre qu’il y a au moins 2 organismes en plus de l’Actinie. Les taches blanches sont des tubes de vers Annélides serpuliens et, en haut à gauche, juste sous la légende, apparaissent sur le fond de curieuses efflorescences. Mais précisons l’Actinie puisque c’est surtout elle qui m’intéresse.
Avec son disque de 3 mm maxi, son pied une peu plus long, ses tentacules à pointe blanche, j’ai bon espoir qu’elle soit déterminable… en tout cas, je vais pouvoir poser la question… avec des images que je trouve bien réussies en dépit du défi que représente un organisme immergé dans l'eau.
Le vers Annélide Serpulidé ci-dessous est un Hydroides sp., déterminé par l’opercule visible sous l’exemplaire de droite. La boule marron foncé est une de mes Actinie totalement rétractée.
Et, enfin, l’Hydraire ténu en fond…, qui mériterait de passer sous l’objectif du microscope… (et qui y passera peut-être… car j’ai une Tritia baladeuses qui en porte un grosse colonie…).
Adapter mon matériel photographique à cette activité aquatique va nécessiter quelques bricolages adaptatifs mais au vu de ces images déjà réalisées, je ne doute pas d’y parvenir sans trop de difficultés. Mon objectif étant maintenant de réaliser une surface de travail me permettant de regrouper toutes ces activités au même endroit, avec tous le matériel qui m’est nécessaire sous la main. J’ai le bois et l’espace où la construire, y’a plus ka !
Le monde marin est remplis de merveilles surprenantes et je vais enfin pouvoir en partager mon émerveillement.
La vie est belle de bien des façons différentes…
Je te souhaite d’en être conscient !
Sylvain
PS Mon Actinie serait st en fait une forme coloniale dont les individus sont reliés entre eux par leur base : Isozoanthus sulcatus Gosse, 1860. Cette espèce présente une caractéristique unique sous nos latitudes, celle d’abriter une algue symbiotique dans ses tissus (Zooxanthelles,) algues dont elle se nourrit, C’est une caractéristique que l’on rencontre habituellement chez les coraux intertropicaux. Mais la pointe renflée blanche de ses tentacules semble la distinguer des tentacules fins habituels de l’espèce. J’ai donc demandé de la bibliographie supplémentaire auprès de chercheurs ayant publié sur le sujet… Affaire à suivre...
PS 2 : J'ai écrit ce texte pour un autre public, mais il n'y a pas de raison pour ne pas en faire profiter le forum, d'autant que cet aquarium m'apporte chaque jour des images insolites que je partagerai ici.
Et puis, ce n'est pas un mince défi que de faire rentrer un peu de marin dans vos cranes (majoritairement) de terriens...