Bonjour à tous!
Je reviens une fois encore sur le problème de la calcination lors de la préparation des frustules de diatomées! Je n'avais peut-être pas été assez explicite dans mon post sur le sujet dans "Microscopies" il y a quelques années…
Il est bien entendu qu'il est impossible de supprimer avec une simple calcination sur les récoltes "brutes" toutes les impuretés qui restent sur la lame après les opérations chimiques"classiques " (javel, eau oxygénée, acide chlorhydrique ou autre, ammoniaque, etc.), et les sédimentations répétées. Chacun a pu expérimenter différentes méthodes ou découvrir les siennes propres, qui deviennent bien sûr les meilleures avec l'expérience.
Je précise que les différentes opérations pour obtenir des préparations impeccables commencent dès la récolte et qu'il faut penser depuis là aux étapes suivantes, qui sont longues, un peu fastidieuses, ce d'autant plus que l'on veut approcher la perfection!
Donc éviter de récolter trop d'impuretés qui seront difficiles à éliminer par la suite !
La calcination est une opération qui n'est pas indispensable ; elle vient en aval de toutes les autres qui tendent à obtenir la meilleure visibilité possible en "effaçant " les particules organiques " incinérables ".Les particules lourdes , minérales, ne peuvent bien sûr être éliminées que par sédimentation.
Les résultats obtenus m'ayant encouragé à poursuivre cette méthode, il a fallu que je pense à des procédés moins empiriques que le chauffage de la lamelle sur la flamme de la cuisinière à gaz (pas pratique, difficilement répétitive, guère contrôlable) ou sur celle de la lampe à alcool, trop faible…J'avais même essayé la lampe à souder : inutilisable, évidemment !
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C'est alors que l'idée du petit four à émaux m'est venue. J'en ai donc fait l'acquisition (l'équivalent de 90 €, 600F à l'époque), mais j'ai eu plusieurs problèmes dont le principal était l'impossibilité de régler la température ! Quand je connectais mon four sur le 220V, il grimpait à 1200°, c'est tout ! Il fallait opérer par marche-arrêt à intervalle régulier pour avoir une température d'environ 500°, et pas de contrôle de température. Ne voulant pas faire l'acquisition d'un pyromètre (cher!) je me fiais à la couleur du carreau de céramique supportant les lamelles à calciner, posé à l'intérieur du four: il me fallait du "rouge cerise" !
Finalement cette méthode avec un peu d'habitude est plus précise qu'on ne le pense. Les artistes verriers qui font des merveilles à Murano n'emploient pas de pyromètre : à ma question de savoir pourquoi les ayant fait sourire, ils m'expliquèrent qu'ils étaient capables d'estimer la température de leur four à 50° près (tout de même entre 400 et 1500°) rien qu'en jetant un coup d'œil à l'intérieur!
Pour avoir une température plus basse j'avais connecté en série mon four avec le radiateur à huile de 2000w qui chauffe ma petite pièce labo : subtile bidouille qui marchait très bien, mais la température était encore un peu trop élevée. Puis est finalement venu le "nec plus ultra ": un transfo variable de 0 à 250V, Depuis tout va bien, merci ! Vous allez me dire que c'est beaucoup de tintouin pour enlever quelques poussières microscopiques sur une lame de verre, mais cette installation me sert aussi à autre chose, par exemple l'émaillage de petites pièces de cuivre, et puis d'abord quand on aime on ne compte pas, c'est bien connu !
Dans un coin de ma photo vous verrez un petit présentoir contenant une vingtaine de fioles récoltées un peu partout, lesquelles contiennent beaucoup de sujets intéressants. Les plus rares et beaux ont été récoltés sur une plage de Marmaris, en Turquie ou l'on avait pied pendant 200m dans 20 à 40cm d'eau, à 33°, en plein soleil : extraordinaire !
Comme les autres, elles mijotent depuis plusieurs années dans l'alcool à 90°, ayant subi leur traitement "chimique", en attendant l'heure de la…friture…Astuce : je prends dans un flacon, en l'agitant auparavant, avec un très fin pinceau à miniatures, une goutte de solution que je dépose sur une lamelle après l'avoir passée rapidement dans la flamme de la lampe à alcool; résultat : beaucoup de diatomées dans la goutte, mais qui risquent de se chevaucher, gênant l'observation. En trempant délicatement la pointe de ce pinceau sans avoir agité le flacon, jusque sur le dépôt du fond, peu de diatomées ou même rien du tout, mais aussi la chance de quelques sujets parfaitement isolés…et de belles observations en vue ! Ensuite, mise au four, très délicatement, pour une vingtaine de minutes. Je peux en traiter une quinzaine en même temps. Ensuite, quand les lamelles ont refroidi (deux bonnes heures) montage sur lame (baume, coumarone, naphrax, etc.) en les retournant, évidemment, avec un plomb de pêche pour maintenir planéité et pression. Et voilà! Souvent des échecs, souvent des satisfactions!
Bonne journée ! / Jean
L'orthographe est de respect;c'est une sorte de politesse. (Alain)