Bon dimanche à tous,
Au départ la problèmatique de Gérard était scientifiquement écologique: le loup est il utile dans les écosystèmes? avec comme extension , est il nécessaire?
Je me range facilement aux arguments scientifiques de Gérard pour répondre oui à la première question.
J'ai tendance à répondre à partir de l'histoire non à la 2e question, mais on peut m'objecter un manque de recul.
Puis le débat est passé à l'écologie journalistique avec le commentaire de fait divers récurents suite à la "bète des Vosges": est ce un loup sauvage ou un chien errant ou un loup élevé qui a attaqué des animaux domestiques?
Il devient plus difficile de répondre par manque de faits. Les traces excluent un lynx, mais après il faudra une analyse ADN probante pour trancher... il ne sert pas à grand chose aux naturalistes d'analyser les utilisations médiatiques de l'affaire. (sauf à étudier les méthodes de la communication pour les copier)
Enfin on est passé de l'écologie à la psychologie, voire à quitter la science pour la morale:
y a t il de l'altruisme et de la compassion chez les animaux? y a t il des bons et des méchants loups?
L'écueil de l'anthopomorphisme me semble redoutable... (mème chez les éthologues professionnels)
Les réponses dépendent du degré de conscience attribuée aux animaux.
Descartes et les légistes modernes considèrent l'animal comme une machine, comme un meuble
(à l'époque de Descartes, les humains esclaves aussi étaient des meubles; on peut donc espèrer des évolutions!)
A la mème époque, François d'Assise considèrait les animaux comme des "frères"
j'aurais une position de normand en ne prenant les animaux que comme des "demi frères", avec juste une fraction de conscience plus ou moins grande. Cette position intermédiaire peut choquer si on reprend l'analogie avec des esclaves. C'est un peu celle des colons planteurs humanistes (ou de philosophes pragmatiques dans le commerce comme Voltaire) qui ne pouvant la changer, s'accomodaient de la situation tout en essayant des méthodes bienveillantes pour des esclaves considèrés comme des enfants sous leur responsabilité. Mais ne retrouve t on pas ce pragmatisme envers les animaux chez les peuples primitifs parfois pris comme modèles (mais ce sont des modèles idéologiques que je récuse; comme Fred trouve "gnangnan" certaines productions associées): ils s'excusent envers les animaux de les tuer pour les manger, exécutent des rituels religieux, mais chassent et exploitent la nature... (parfois jusqu'à l'autodestruction).
Christian nous a ramené vers le loup, mais coté symbolique:
C'est aussi probablement l'emblème le plus ancien de la force, de l'équilibre et de la liberté,
L'emblème de la force certes, mais l'équilibre est une perception moderne. C'est absent dans le roman de renard au moyen age ou le loup est bète toujours trompé par le renard plus malin...
Il est vu d'ailleurs de manière anthopomorphique, plus proche alors qu'il ne l'est actuellement ou il symbolise une sauvagerie, une "wilderness" éloignée des humains
Bref, on peut trouver dans la psychologie des symboles opposés sans problèmes! il n'y a pas contradiction.
En fait, la question implicite de Gérard devient vite: faut il éliminer, laisser s'implanter de façon autonome ou protèger le loup dans les espaces "naturels" en FRance?
Comme l'a fait remarque Christian, l'argument de risque de perte de biodiversité est plus faible que pour le panda limité à ses montagnes chinoises. L'espèce est holarctique avec plusieurs sous espèces encore assez abondantes dans l'ancien et le nouveau monde. (quoique à répartition bien restreinte dans les pays industrialisés cf cartes de répartition
ancienne et
actuelle sur wikipedia)
Finalement, cette problèmatique est elle scientifique? les naturalistes peuvent ils aller au dela de la présentation du role du loup et de son impact et trancher/imposer une vision ?
Les arguments échangés ne sont ils pas très vite idéologiques?
Les décisions ne relèvent elles pas de la gestion des territoires et de la politique? donc des citoyens et des administrateurs (conseillés seulement par les scientifiques)
Au passage, pour les collègues de SVT, je dirais que ce genre de question qui pourrait apparaitre comme "débat de société" prétexte à commentaire argumenté pour l'épreuve du bac en première ES me semblera difficile à évaluer: je peux juger des connaissances, de la qualité de l'argumentation seulement...
C'est après tout ce que font les collègues de philosophie me semble t il.