Daniel a écrit:Pour caricaturer, il y a celui de "comprendre le monde" et celui de "gagner de l'argent".
Je pense que notre divergence de point de vue est de nature essentiellement sémantique. Ce que tu appelles « recherche appliquée » est pour moi la R&D (recherche et développement) financée par les grosses entreprises (par exemple, Monsanto fait de la R&D, elle finance une activité de recherche pour vendre). Une équipe INRA qui travaille à la sélection variétale fait de la recherche appliquée, mais elle a peu d'espoir de vendre quoi que ce soit...
Daniel a écrit:le naturel versus le culturel ne me semble pas plus réel que le naturel versus l'artificiel...
Là, en revanche, je ne suis pas d'accord. Le culturel n'est pas un fantôme : il se manifeste au moins dans les arts.
Christian a écrit:sur quels critères décidera t'on si un risque de maladie ou même un "défaut" est suffisamment grave pour procéder à des sélections ?
La génétique apporte une partie de la réponse à cette question. Dès lors que nous connaissons un allèle responsable d'une maladie, il est possible de savoir si un individu est sain, porteur sain ou malade (dans ce dernier cas, bien sûr, on le sait aussi et surtout par les symptômes !). Seulement, la biologie n'étant pas la logique, cela ne suffit pas à établir la « liste des maladies » d'un individu. Il faut en effet tenir compte de la notion de pénétrance. Pour faire simple, une maladie ne se déclare pas systématiquement dès lors que le bagage génétique le permet. En termes plus rigoureux : la pénétrance est le pourcentage d'individus qui développent le phénotype (ici la maladie) correspondant à leur génotype (ici la présence de certains allèles). On connaît la pénétrance de certaines maladies, mais s'agissant de statistiques, il n'est pas possible de savoir à l'avance ce qu'il en sera pour un individu en particulier. Certaines maladies qui ont une prévalence élevée ont aussi une pénétrance faible, si bien qu'il y a peu de patients... C'est la raison pour laquelle je considère toute tentative de « sélection » comme vaine. La pénétrance ruine aussi la volonté des assureurs de se fonder sur des données génétiques pour déterminer la couverture de leurs assurés. Il n'empêche que les citoyens doivent veiller à la bonne utilisation des données génétiques, si elle se démocratise.
Cordialement,
Eddy