Bonsoir
J'ai eu un peu de mal à suivre le débat puisque des abeilles nous sommes passés par les bettes et Monsanto...
Je pratique la macro depuis cinq ans et j'ai appris à observer les insectes, et à observer tout court.
Je constate que l'abeille domestique n'est que la partie émergée de l'iceberg. C'est une goutte d'eau dans la diversité des espèces d'apidés sauvages et solitaires, mais ce sont elles que l'on retient parce qu'elles sont nombreuses en un seul endroit, et elles fabriquent le miel...
Les abeilles meurent de diverses causes (pesticides, varroa, urbanisation, appauvrissement génétique, appauvrissement de la qualité du pollen, manque d'eau...), mais la mortalité principale est la mort naturelle. Une abeille vit en moyenne six semaine et meurt d'épuisement avant de rejoindre la ruche. Il meurt donc chaque année, de façon naturelle, plusieurs centaines de millions d'hyménoptères lorsqu'on ne les stresse pas en les transportant sur des milliers de kilomètres comme aux States.
Mais de quoi veut-on parler en annonçant :" la mystérieuse disparition des abeilles" ? Il existe près de 1000 espèces d'abeilles sauvages en France sans compter les bourdons. Chaque espèce est inféodée à certaines espèces de plantes et n'iront pas en polliniser d'autres. Si on leur enlève leur subsistance, elles disparaitront et avec elles les plantes qu'elles pollinisent. Je trouve donc stupide par exemple, le plan que veut mener le gouvernement en fleurissant les bas-côtés des routes. Je trouve criminel de fleurir les abords des champs de maïs imbibé de Cruiser, de Proteus et autres saletés.
Aujourd'hui, je suis allé en forêt (dans la Hardt Sud en Alsace). Je n'ai presque pas vu d'abeilles solitaires (depuis quelques années j'ai constaté que les solidages étaient couverts de collètes et d'autres espèces à cette époque). Par contre j'ai vu des centaines d'abeilles domestiques retournées l'état sauvage (il n'y a aucune ruche à des kilomètres à la ronde). Elles se portent donc bien à l'écart des champs cultivés (c'est un signe je pense de la nocivité des produits utilisés pour les cultures).
Si je n'ai pas vu énormément d'abeilles sauvages au mois d'août, elles étaient légions en mars, avril et mai (osmis, anthophores, andrènes, halictes...). Je ne m'inquiète donc pas de ce phénomène qui doit être cyclique.
Les abeilles élevées pour le miel doivent également être affaiblies par les divers croisements destinés à améliorer les races (à les rendre plus douces, moins agressives, plus productives...). J'en veut pour preuve le chien. On a tellement effectué de manipulations génétiques pour obtenir des races aussi débiles les unes que les autres, qu'on ne peut plus les reproduire que par consanguinité. Ce qui les fragilise. Ils ont presque tous des tares et des maladies chroniques parfois mortelles. Des scientifiques ont récemment constaté cet appauvrissement génétique chez le guépard africain. Or, si les chiens sauvages ne sont pas en odeur de sainteté dans les pays où ils prolifèrent, ils constituent pourtant un réservoir génétique de premier plan pour sauver l'espèce canine.
Je pense donc que les abeilles domestiques "sauvages" peuvent contribuer à sauver l'espèce. En tous cas, il faudrait qu'on arrête de jouer à l'apprenti sorcier et à tenter de tout maîtriser comme si nous étions les créateurs de l'univers...
Le débat est sans fin, mais je voulais apporter ma pierre à l'édifice, à moins que vous ne considériez que c'était un pavé dans la mare...
Bien cordialement
Patrick