de Eddy » 18 Oct 2012 14:03
Bonjour le forum,
Concernant la toxicité des plantes génétiquement modifiées (PGM) : il faut procéder à des évaluations au cas par cas car tout est à revoir à chaque fois que l'on change de transgène. Par exemple, je présume qu'une PGM qui produirait dans tous ses tissus la protéine fluorescente GFP serait moins toxique pour l'environnement et/ou l'alimentation (humaine et/ou animale) qu'une autre PGM qui produirait dans tous ses tissus une molécule à action insecticide. Mais dans le même temps, il est au moins aussi probable que produire de la GFP ne servira pas à grand-chose contre des insectes...
Concernant les résistances observées chez les bioagresseurs : elles sont pour ainsi dire inévitables, mais certains transgènes et plus généralement certaines stratégies de lutte contre les nuisibles sont contournées moins facilement que d'autres. Une solution durable consiste par exemple à adapter les pratiques agricoles, par exemple en semant des plants qui exploitent plusieurs stratégies de lutte contre les bio-agresseurs. Ainsi, le contournement de l'une de ces stratégies ne permet pas pour autant l'infection du champ dans son intégralité. C'est encore plus vrai si l'on cultive plusieurs espèces différentes. La monoculture pratiquée dans des champs immenses est un des moyens les plus sûrs de perdre toute sa récolte !
Créer des plantes insensibles à des désherbants/défoliants : l'idée est étrange en tant que telle. Quitte à produire des OGM, je préfère de loin remplacer des pesticides extrêmement toxiques (parce que souvent cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques, etc.) par des transgènes ciblés contre des nuisibles bien particuliers. Par exemple, produire du coton incapable de synthétiser du gossypol (toxique pour l'Homme), le rendant ainsi consommable, me pose assez peu de problème.
La barrière des espèces : elle a un sens au niveau des individus, mais déjà beaucoup moins au niveau génétique. Au labo je fais exprimer sans problème des gènes de Phytophthora par des brassicacées.
Concernant plus spécifiquement le travail publié par Séralini : les effectifs sont trop faibles pour tirer une analyse statistique des résultats et certains choix expérimentaux sont maladroits, notamment le choix de rats qui ont une tendance assez forte à développer spontanément des tumeurs graisseuses en fin de vie. Il faut un travail de ce type, mais mené avec des moyens plus conséquents pour en tirer une conclusion probante (et, à la décharge de Séralini, son travail a porté, toutes catégories confondues, sur plus d'une centaine de rats, ce qui représente déjà un réel effort logistique).
Cordialement,
Eddy