Le Naturaliste

Bonsoir !
Pour tenter d’apaiser les esprits, je propose un petit tour dans les cieux.

La bondrée apivore – Pernis apivorus
C’est autour du 15 mai que les bondrées reviennent d’Afrique où elles ont passé la « mauvaise » saison. C’est un rapace dont le régime alimentaire est constitué principalement d’hyménoptères (guêpes, bourdons,…) dont il déterre les nids (chargés de miel et de larves) en grattant le sol de son bec et de ses serres.

1-2-3 / Il faut un œil exercé pour distinguer, en vol, la bondrée de la buse. Les deux rapaces ont la même taille et une silhouette semblable. Il m’a fallu quatre ou cinq saisons et de nombreuses observations pour parvenir à faire la différence (avec une bonne paire de jumelles !).
Par rapport à la buse, la bondrée a une tête plus fine, très mobile (souvent comparée à une tête de pigeon). Les dessins du dessous du corps sont marqués de lignes pointillées : en partant des « poignées » brun sombre, ces lignes concentriques se rejoignent en lignes parallèles à celle, large et sombre, formée par la pointe des rémiges. La queue est marquée de plusieurs barres transversales.





4/ L’œil du mâle est d’un orangé doré ; sa tête est grise ; on distingue ici une barre transversale nette au milieu de la queue.




5/ La photo suivante permet de comparer les deux oiseaux. On voit bien, notamment :
La tête massive de la buse ; fine chez la bondrée (ce n’est pas toujours aussi évident qu’ici !).
Les taches réparties irrégulièrement chez la buse ; en lignes pointillées plus ou moins parallèles chez la bondrée.
Une zone claire formant « collier » sur la poitrine de la buse ; absente chez la bondrée.
La queue non barrée chez la buse (parfois avec une seule barre terminale) ; plusieurs fois barrée chez la bondrée (ici, ce n’est pas évident car la transparence de la queue en éventail, chez la buse, fait voir les dessins des rectrices qui ne forment pas de barres à proprement parler).



Le 15 mai 2009, j’avais eu la chance de voir passer au-dessus de la maison (dans les Cévennes), pendant deux heures, plus de 300 bondrées, en migration de printemps, direction nord.
C’est le moment, pour cet oiseau qui, dans l’ordre des migrations, est un des derniers à revenir nicher chaque été chez nous.
Ouvrons l’œil !

Bien amicalement.
Marc.

Bonsoir

J'ai eu la chance à deux reprises de surprendre ce rapace en train de déterrer des guêpes terrestres pour se gaver du couvain. C'est impressionnant. Un très bel oiseau, surtout la femelle qui peut présenter une tête gris souris avec des yeux ronds jaune orangé vif très reconnaissable.
Pas rare du tout mais dont le régime alimentaire particulier ne le rapproche pas trop des habitations. Il est très timide, contrairement à la buse ou au busard St Martin qui est abondant en Médoc.
On espérait qu'il allait faire du frelon asaitique son met préféré mais pour l'instant pas de témoignage qui permette de penser qu'il va devenir le prédateur n°1 de cette peste asiatique!

Hello

Excellent topic.
Une référence.
Merci

Bonsoir Marc,

Heureux de voir que tu t'intéresses également à l'ornithologie et avec autant de talent que pour les autres sujets.
Tes deux photos mettant en parallèle buse et bondrée sont bien parlantes, mais comme tu le dis, ce n'est pas toujours aussi évident.

Amitiés.

Daniel

Utilisateur nomade (via mobile device)

Utilisateur nomade (via mobile device)

Bonsoir,
Marc, c'est toujours un plaisir de te lire. Belles explications et illustrations. Si tout le monde pouvait être aussi clair et posé que toi!
Cordialement

Merci les amis pour vos appréciations.
Je n’ai jamais eu, comme Jean-Claude, la chance de voir une bondrée « en train de déterrer des guêpes terrestres pour se gaver du couvain ». Mais, plusieurs fois, j’en ai vu transporter dans leurs serres des « gâteaux » de cire qu’elles venaient de déterrer.
Tous les témoignages sont intéressants : Jean-Claude trouve que les bondrées sont plus « timides » que les buses. Pour moi, c’est le contraire ; dans les Cévennes, les bondrées se rapprochent facilement des habitations et volent même assez bas. Sans doute des différences régionales. Peut-être aussi que nos hameaux cévenols ressemblent un peu à des tas de cailloux…
A bientôt !
Marc

Bonjour Marc,

très belle observation et description !
Incroyable : dimanche en faisant du vélo de route en pleine campagne (petites routes désertes en région valonnée), j'ai pu voir ce que je croyais être une buse s'envoler devant moi du cable téléphonique.
J'ai pu voir de prêt les motifs sous les ailes, ils étaient exactement comme tu nous les as décris.
Est ce que ce détail suffit pour déterminer la bondrée ?

Bonsoir Pierre, bonsoir tous !

C’est tout à fait possible. Les premières bondrées ont été observées dès le 18 avril dans les Corbières. Depuis le début du mois de mai les vagues se succèdent, dans les départements de l’Aude, de L’Hérault, du Gard... Elles vont se répartir dans toute l’Europe (et jusqu’en Sibérie).
Dans le cas de ton observation, forcément fugitive, il est difficile d’affirmer que tu aies eu affaire à une bondrée. Les lignes de pointillés parallèles sont typiques, de même que les barres sur la queue… et la « tête de pigeon ». Un ornithologue te dirait qu’il y a aussi le vol caractéristique (avec les ailes un peu baissées), la façon de parader, les cris, etc. En tout cas, tu sembles bien parti pour regarder les « buses » d’un autre œil maintenant…
Bonne soirée.

Bonjour Marc.

Excellent.
Merci pour le partage.

Bonjour à tous,

Le critère de terrain le plus rapide et pratique pour distinguer Buse variable et Bondrée de loin en vol (et même parfois de très loin), du moins en vol plané (ça ne marche pas en vol battu), concerne le port des ailes :

En vol plané, la Bondrée conserve presque constamment ses ailes dans un même plan horizontal, bien droites et horizontales (seules les pointes des rémiges sont très légèrement relevées) et ceci durant toute la durée de ses orbes, même lorsqu’elle vire franchement. Vue de face ou d’arrière, sa silhouette forme ainsi une sorte de ligne quasi droite.

En vol plané, la Buse variable peut également parfois tenir ses ailes dans un même plan horizontal, relativement droites et horizontales, en particulier durant ses glissés en ligne droite en perdant de l'altitude ; mais elle ne le fait jamais bien longtemps. Son port d’ailes naturel en vol plané est en effet au contraire un dièdre, où chaque aile est relevée de quelques degrés. Vue de face ou d’arrière, sa silhouette forme ainsi une sorte d’accent circonflexe à l’envers (certes quand même relativement plat). En fin d’orbe, et en particulier lorsqu’elle vire plus franchement, elle relève encore davantage ses ailes, le dièdre devenant alors encore plus marqué (l’accent circonflexe à l’envers se referme).

Ces explications peuvent paraître fumeuses à ceux n’ayant pas encore fait ce genre de comparaison. Pourtant, ce critère devient au contraire tout à fait évident, et super pratique, une fois que l’on se l’est « mis dans l’œil » (comme beaucoup d’autres critères de terrain de ce genre).

PierreH a écrit:dimanche en faisant du vélo de route en pleine campagne (petites routes désertes en région valonnée), j'ai pu voir ce que je croyais être une buse s'envoler devant moi du cable téléphonique.
J'ai pu voir de prêt les motifs sous les ailes, ils étaient exactement comme tu nous les as décris.
Est ce que ce détail suffit pour déterminer la bondrée ?

Non, pas tout à fait. Certes les alignement longitudinaux de taches sous les ailes de la Bondrée sont bien marqués, au point d’être relativement caractéristique de l’espèce. Mais ils existent également plus ou moins chez la Buse variable (du moins chez l’adulte, presque pas en plumage juvénile/immature) ; ils sont simplement très généralement beaucoup moins marqués chez cette dernière, plus serrés en bandes étroites et bien moins contrastés. Ce ne sont d’ailleurs généralement pas de vraies tâches, mais de simples bordures terminales foncés des plumes de couverture. Cependant, lorsque l’on voit une buse variable de très près et dans de très bonnes conditions de lumière, le caractère légèrement barré transversalement du dessous de ses ailes (et parfois d’une partie de sa poitrine) peut quand même paraître relativement évident.