Nucella lapillus (Linnaeus, 1758) est un gastropode Muricidae, connu sous les noms vernaculaires de pourpre (mais il y a d’autres espèces, méditerranéennes, portant ce même nom vernaculaire, voir ci-dessous), bigorneau blanc (mais ce n’est pas un bigorneau, et il n’est pas toujours blanc) ou perceur (nom qu’il partage avec un cousin, le cormaillot Ocenebra erinacea (Linnaeus, 1758). Voilà un exemple de plus qui explique pourquoi je n’aime pas utiliser les noms vernaculaires, souvent ambigus et sources de méprises. Quant au nom « pourpre petite-pierre » que l’on trouve sur certains sites par ailleurs honorables, ce n’est que la traduction en français du nom latin d’espèce, alors, autant utiliser le latin directement !
La coquille est épaisse, blanche à brune, avec ou sans lignes longitudinales marquées continues ou bien interrompues et formant alors un quadrillage. La coquille est lisse ou marquée de côtes longitudinales plus ou moins fortes. Le dernier tour, développé, se prolonge par un canal siphonal par où passe la trompe. L’intérieur de la coquille est foncé, rouge violacé.
Le pied est blanc, l’animal possède deux tentacules et une trompe.
Nucella lapillus se nourrit de bivalves (moules en particulier : les mytiliculteurs n’aiment pas trop…), de patelles ou de balanes dont il perfore la coquille ou la muraille par une double action : des mouvements décrits comme circulaires (?) de la radula + une sécrétion acide qui attaque le calcaire de la coquille. Le trou est rond, et mesure 1 mm de diamètre. Le processus durerait 4 à 6 jours chez Ocenebra erinacea. A la suite du percement, la trompe pénètre dans l’orifice, injecte des sucs digestifs et absorbe la bouillie nutritive résultant de la digestion (2 jours de plus).
La radula taenioglosse,(voir viewtopic.php?f=173&t=14883), est composée de nombreux rangs comprenant une dent axiale triangulaire, longuement pointue, flanquée de deux latérales pointues mais plus courtes, et de marginales en crocs pointus. Les dents les plus vieilles, près de la bouche, sont usées.
Les sexes sont séparés et la fécondation est interne. Les femelles, au cours de pontes collectives, déposent dans les fissures des rochers ou sous les surplombs des capsules cylindriques enflées au milieu, perpendiculaires au substrat, et mesurant 7 à 8 mm de hauteur. Chacune contient quelques centaines d’œufs. Peu arriveront à maturité. Les jeunes sortiront de la capsule après la métamorphose et commenceront aussitôt à mener une vie benthique.
Les pourpres possèdent une glande hypobranchiale qui sécrète un précurseur de la pourpre (le colorant) dont le rôle biologique serait répulsif. La pourpre est ensuite obtenue par oxydation du précurseur. Les pourpres méditerranéens (Bolinus brandaris (Linnaeus, 1758) et Hexaplex trunculus (Linnaeus, 1758) ne sont pas les seuls Muricidae ayant été utilisés comme source de colorant. Nucella lapillus et Ocenebra erinacea, malgré une productivité beaucoup plus faible, l’ont été depuis la protohistoire jusqu’au Haut-Moyen Age, ce dont témoignent plusieurs sites archéologiques étudiés en Bretagne.
Cordialement
Gérard Breton