Bonjour à tous
un petit texte écrit le 7 mars pour les miens que je vous partage volontiers.
Quand je sors du camion, il fait un de ces vents (rafales à 90 km/h) qui traverse tout et dont on sent bien qu’il a longé les Pyrénées avant de nous arriver dessus. Il fait froid en dépit des 9-10° officiels du thermomètre. C’est un de ces vents qui fait dire au gens du pays « Il y a du vent aujourd’hui ! » et ils vaquent à leurs occupations. Ici, c’est seulement quand les rafales dépassent les 120 km/h que l’on commence à parler de tempête…
Bref il y a du vent, un soleil qui joue à cache-cache avec les nuages au-dessus de la mer.
Je suis au milieu des prés salés, au nord de la route littorale, au croisement de l’INRA à Gruissan (11). Je sors donc et me mets en mode naturaliste : « Observe tout, ne regarde rien… ». Comme d’habitude, je laisse mon instinct et mes yeux maitres de ma déambulation. Je serpente, fait demi-tour, m’agenouille et recommence…
Au bout de quelques pas je repère les fleurs roses de plantes qui ressemblent si fort à un Silène que c’en est un : Silene conica. Impossible de le photographier sur pied, le vent l’agite à tout va. Je coupe donc et photographie au sol.
En lisière de pins parasols je vois deux population de Fumaria l’une blanche, l’autre violette : « Laisse tomber, c’est le foutoir à déterminer avec certitude ! » Puis mon œil est attiré par une première Orchidée (Ophrys occidentalis). Tiens un champignon, puis un autre et un autre, tous de la même espèce visiblement…, il est vrai qu’il n’a pas cessé de pleuvoir depuis octobre, la dernière grosse averse remontant à… hier ! Ça me remet en mémoire la morille des sables qui affectionne ce biotope. Car dans les prés salés, ils ne sont pas légion les champignons ! Quel dommage que je n’ai pas résolu le problème des sporées en mouvement… Je me heurte à deux problèmes, tout d’abord la fixation pour que le chapeau ne bouge pas de sa lame de verre pendant les déplacements, et l’humidité : si l’air est à 85% dehors, il l’est aussi dedans ! Et alors, bonjour les moisissures…
Il y a quelques tapis de mousses, mais aucun lichen parmi elles : ça change ! Faut dire que j’ai déjà une douzaine d’espèces en chambres humide qui font ce qu’elles peuvent pour m’enseigner l’humilité !
J’explore les entonnoirs de sable, recherchant vaguement ma Morille, mais je n’en trouve aucune. Dans mon souvenir, en plus qu’elle soit rare, je ne l’ai jamais rencontrée qu’en avril. Un mot sur elle : elle a l’odeur de la Morille, à vous faire saliver d’abondance…, mais cuisinée, elle se révèle décevante, quasiment aucun gout, juste un vague rappel lointain de que donnent aux papilles les esculenta. Et puis elle est gavée de sable fin qui craque sous la dent ! Il n’empêche que j’aimerai lui explorer l’asque pour en photographier les spores !
Mais à défaut, je rencontre un autre Ascomycète, une population de Pézizes insérées dans la mousse qui ouvrent leurs vasques juste à la surface de la mousse (Geopora arenicola).
Juste à coté je rencontre une autre population d’orchidées, une autre Ophrys qui n’a pas complètement le look de l’Ophrys occidentalis que j’ai photographiée à quelques centaines de mètres d’ici, mais qui ressemble un peu à O. aranifera ou O. araneola. On verra bien si elle fait débat sur le forum de botanique… Faut dire que toutes ces espèces qui se croisent entre elles, donnent matière à discussion au travers de leurs innombrables hybrides ! Sans compter qu’il y a des intégristes chez les orchidiophiles…
Je croise aussi des Lobulaires (Lobularia maritima), de beaux Lamiers (Lamium amplexicaule) aux fleurs si jolies…
Je passe un bon moment à genoux à jouer avec le vent et tacher de les immortaliser entre deux rafales...