Bonjour Olivier,
Excuse moi pour ce retard, mais ayant voulu être précis, j’ai longtemps cherché le pied à coulisse dans le capharnaüm qu’est devenue ma chambre. Je suis passé une dizaine de fois à côté de son emballage en me disant « allez, je me connais, il n’est certainement pas à sa place ». Ce matin, j’ai ouvert la boîte et il était bien là.
J’ai utilisé l’expression « éclairage oblique extrême » pour marquer la différence entre un éclairage oblique « normal » qui sert à accentuer les ombres dans une photo et un éclairage plus contrasté qui, poussé à l’extrême, réduit les couleurs et accentue les formes. Finalement, c’est toujours la même technique, mais j’ai constaté qu’on pouvait faire des photos en ne laissant qu’un mince croissant de lumière dans le condenseur. L’essentiel est de positionner le rond noir de façon à ce que la lumière glisse sur la lamelle et éclaire l’objet, sinon on obtient une photo grise et sombre. Dans tous les cas l’idéal consiste à régler le filtre de façon à obtenir un objet – je n’ose pas dire en trois dimensions, car Daniel veille – sur un fond gris ou noir lisse, d’où sortent seulement des fragments plus proéminents. Evidemment, il y a des désavantages. Il y a pas mal d’artefacts, des reflexions violettes et jaunes, mais comme la photo est essentiellement monochrome, il suffit de la transformer en noir et blanc.
J’utilise des ronds découpés dans du scotch d’électricien noir ; J’ai fait ces photos avec des ronds de 4 circonférences : 19,18, 16 et 14 mm découpés avec des emporte-pièce. Le 19 est probablement superflu.
Les microscopes modernes se prêtent mal à cette technique, car d’après ce que j’ai vu, ils fonctionnent avec des filtres enfoncés dans des tirettes situées au-dessus des objectifs. Les vieux condenseurs pzo, zeiss ou lomo avaient le plus souvent un diaphragme mobile fixé sur un axe situé sur le bord du condenseur. Cela permet d’intercaler le filtre entre le condenseur et le diaphragme et de le positionner dans tous les sens .
Le support sur lequel on colle les ronds noirs doit être suffisamment transparent. L’idéal serait qu’il soit aussi transparent que des pochettes « cristal » pour des documents, mais plus rigide.
Il y a aussi la question du diaphragme. Je diaphragme à moitié en choisissant l’ouverture qui permet d’éviter le contour bleu qui apparaît avec des ouvertures trop petites.
Koehler ne sert à rien. On remonte le condenseur aussi haut que possible ou on règle l’éclairage critique.
J’ai fait en vitessse quelques photos pour illustrer les possibilités – et les limites – de cette technique.
Photo d’un rotifère. Je l’ai choisie parce qu’il ressemble à une grosse baleine. J’aurais dû colorer le fond en bleu océan, mais je voulais présenter une image à peu près brute. Le rond noir couvre probablement 1/3 ou la moitié du diaphragme, donc c’est l’éclairage intermédiaire entre « normal » et « extrême ».
Photo d’un cilié. Cette fois-ci le spécimène n’est éclairé que par un mince croissant de lumière. J’ai forcé un peu le contraste pour montrer que l’éclairage n’était pas uniforme. Mon illuminateur led 10W n’est pas suffisamment puissant pour que la photo ne soit pas sous-développée, mais en n-b le grain n’est pas aussi irritant qu’en couleurs. En fait, cette technique est impossible sans un fort éclairage.
Une autre photo du même cilié qui permet de constater qu’il n’est pas plat, mais porte une sorte de crête. Hélas, elle est beaucoup moins réussie.
Cilié attaqué par une amibe
J’améliore les contrastes avec des « courbes » de gimp. J’ai fait ces photos avec un nikon CFN 40x, mais il est possible qu’un achro s’avère plus contrasté.
Il me serait difficile d’être plus précis, car à vrai dire, je fais tout plus ou moins au pif.
Un peu long, je trouve.