Bonjour à tous,
Voici un petit animal aquatique dont j’ai fait une vidéo, puis en ai extrait quelques images. La vidéo
proposée a été raccourcie.
Parti (à tort ou à raison?) sur un dinoflagellé nu (=athèque), j’en ai recherché les caractéristiques morphologiques.
Cellule arrondie à ovoïde (Fig.1), de dimensions L : 28,3-29,7µ x l : 21,5-25,6µ, présentant suivant ses déplacements un sillon transversal (Cingulum, que l’on repère le plus souvent par ses bords cingulaires (Bc - flèches jaunes). Ce sillon d’une profondeur d’environ 2µ et large d’environ 3µ, divise la cellule en une partie supérieure, l’épicône, hémishérique, et une inférieure, l’hypocône, très légèrement conique. L’épicône est légèrement plus grand que l’hypocône. La flèche bleue marque le sens de déplacement de la cellule. Par convention cette vue serait la vue dorsale5 .
Un noyau arrondi plus ou moins centré dans l’épicône (Fig.2), en occupe une importante partie.
Un stigma rougeâtre est présent dans l’hypocône (Fig.3 - St), près du point d’attache de 2 flagelles adjacents apparaissant dans le prolongement d’une courte fente longitudinale (Fig.3 - flèche rouge - Fl). Leur longueur, prise à partir de leur point d’ancrage sous le stigmaest d’environ 25µ, proche de la longueur de la cellule. La fente longitudinale (ou sulcus) naît à la partie inférieure du stigma et se dirige vers l’antapex. Par convention cette vue serait une vue 1/2 ventrale 5 (Une vue ventrale montrerait un sulcus partageant l’hypocône en 2 parties égales).
Le cytoplasme contient de nombreux chloroplastes, vert-jaune en fond clair* (Fig.4-A -flèches blanches), brun-jaune en éclairage oblique (Fig.4-C - idem), de forme ronde ou allongée ou discoïde, et des granules (amylacés ou lipidiques…) (Fig.4-B – flèches blanches), dont un, situé près du stigma, coloré en rouge-orange (caroténoïdes?) (Fig.4-B – flèche rouge).
En amenant le plan focal près du centre du volume de la cellule, les chloroplastes apparaissent comme essentiellement pariétaux.
*Pour l’image en FC, la balance des blancs pourrait bien avoir été oubliée !
La Fig.5 montre différents crops sur le stigma, et une meilleure mise en évidence des 2 flagelles longitudinaux, au moyen d’un réglage de Toshop (« égaliser »).
Chez les dinoflagellés il y a bien 2 flagelles, mais ils sont orthogonaux : un longitudinal et un transversal! De plus, ce dernier est typiquement ondulé1, 1 bis. Donc, à mon humble avis, sur les 2 flagelles longitudinaux, il y en a un de trop pour faire un gamète de dinoflagellé!
L’explication a été trouvée du côté de la reproduction sexuée des dinoflagellés. Il existe ce que l’on nomme « planozygote2, 2bis, 2 ter », c-a-d un « oeuf » fécondé de dinoflagellé possédant 2 flagelles longitudinaux. Très content d’avoir avancé, il me manquait cependant un exemplaire de planozygote avec un seul stigma, histoire de valider un peu plus l’affaire… Petit coup de chance je l’ai trouvé ICI!
Les mouvements du spécimen sont fréquents sur un axe de lacet, plus rares sur l’axe de roulis. Il n’est donc pas exclu qu’il soit pourvu d’un flagelle transversal (cela existe chez un dinoflagellé marin4 possédant 3 flagelles). Mais je n’ai rien aperçu de tel.
A l’opposé du flagellé peu remuant ci-dessus, lors d’un autre examen, un spécimen identique, non contraint, sous objectif x40, a été flashé à la vitesse estimée de 2 mm/mn. Les images du radar étant plutôt floues, l’individu n’a pas été poursuivi !
Les mesures :
28,3µ ≤ L ≤ 29,7µ
21,5µ ≤ l ≤ 25,6µ
L/l = 1,2 (calcul sur les moyennes L et l)
Détermination du spécimen :
Pour ce planozygote probable, je n’irai pas plus loin que la classe des Dinophyceae, d’une part parce qu’il manque certaines informations morphologiques, et d’autre part, le fait de cheminer dans une foultitude d’ordres pour peut-être n’aboutir à pas grand-chose voire à rien, demande un temps colossal que je préfère mettre à profit pour prélever, maniper au microscope, et combler mon retard dans de nombreuses identifications !…
Ceci dit, et sous la torture, je lâcherais peut-être « Gymnodinium »...
Les images non réduites peuvent être vues ci-dessous :
Planozygote
… et la vidéo sur Youtube
Documentation :
1Traité de zoologie concrète. Yves Delage, Edgard Edouard. Tome 1. La cellule et les Protozoaires. Paris 1896. Page 374.
1 bis Freshwater dinoflagellates in Portugal (W Iberia). A critical checklist and new observations? Lien - Fig.5 p.8/29
1 ter Freshwater dinoflagellates in Portugal (W Iberia). A critical checklist and new observations? Lien - Fig.4 p.8/29
2 Lien
2 bis Planozygote : définition, explications Lien
2 ter Sexual reproduction and ecophysiology of the marine dinoflagellate Alexandrium minutum Halim. lan P. Probert (1999).
Lien – Fig.1-3 page 8/118.
3 Spectral sensitivity of phototaxis in the dinoflagellate Kryptoperidinium foliaceum and their reaction to physical encounters.Lien
4 An ultrastructural study of planozygotes and encystment of a marine dinoflagellate, Scrippsiella sp (2007)Lien
5 STRUCTURE ET FONCTIONNEMENT DES ECOSYSTÈMES PÉLAGIQUES M ARINS. Cours de B. Quéguiner. Page 26/96 Lien
Bon week-end à toutes et à tous,
Amicalement,
Jean Luc