Bonjour,
Voici finalement la vidéo promise sur les choanoflagellés.
C'est la première fois que j'ai vu les fibrilles de la collerette, visibles avec le contraste de phase. Pour cela, il vaut la peine de s'assurer d'observer la vidéo avec la HD 1080p, si votre système le permet. Le réglage se fait avec la roue (paramètres) en bas à droite de youtube.
J'ai intitulé cette vidéo "la renaissance des choanoflagellés" parce que s'il y a eu de nombreux travaux et débats à leur sujet entre 1850 et 1900, cette effervescence est tombée à zéro entre 1900 et 2000, puis une renaissance est ré-apparue plus récemment.
Dans un premier temps, Félix Dujardin (biologiste français) s'est intéressé à ces flagellés unicellulaires qui vivent librement ou en colonie. Il a remarqué leur similitude morphologique avec les choanocytes d'éponges et a suggéré une possible relation entre les deux. Puis, l'idée a germé que ces choanoflagellés unicellulaires pourraient être à l'origine des organismes multicellulaires (animaux).
Vous pouvez imaginer les débats qui eurent lieu à cette époque qui a connu "l'origine des espèces" de Darwin, la réfutation de la génération spontanée par Pasteur, " l'évolution de la vie" de Herbert Spencer et autres sommités.
Le soufflé est retombé entre 1900 et 2000 parce qu'il n'était pas possible d'investiguer plus à fond avec les méthodes et intérêts du vingtième siècle.
Un renouveau est apparu assez récemment grâce à la biologie moléculaire qui a confirmé l'hypothèse de Dujardin, mais surtout depuis que le groupe de Nicole King à Berkeley a montré que la formation d'agrégats de Salpingoeca rosetta résultait d'une exposition à une molécule lipidique sécrétée par une bactérie (non-symbiotique). S. rosetta réagit à cette molécule si elle est présente dans l'environnement dès une concentration de 10-17 molaire, ce qui est très, très, très dilué!
Encore plus fou: alors que la première évidence de l'existence d'un cycle sexuel fut découvert seulement en 2013, il s'est avéré que les cellules solitaires de S.rosetta entament leur cycle sexuel sous l'influence d'une enzyme, une chondroitinase, sécrétée aussi par des bactéries de l'environnement.
Chez nous autres humains, au fond qui décide, nous ou les bactéries ?