Bonsoir,
Voici la suite de la partie 1…
Rappel des abréviations utilisées :
BW Largeur du corps (Body Width) (en extension)
HW Largeur de la tête (Head Width)
RaL Longueur du ramus (Ramus Length)
RaW Largeur du ramus (Ramus Width)
SSW Largeur du pseudo-segment de l’éperon (Spur Segment Width)
Pour schéma voir Protocole Iakovenko1 (page 7/20 du pdf Fig .2-3)
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CW Largeur de la couronne (Corona Width)
FL Longueur du pied (Foot Length)
FW Largeur du pied (Foot Width)
HL Longueur de la tête (Head Length)
NL Longueur du cou (Neck Length)
RL Longueur du croupion (Rump Length)
RW Largeur du croupion (Rump Width)
SL Longueur de l’éperon (Spur Length)
TL Longueur totale (Total Length) (en extension)
Pour schéma voir Protocole Iakovenko2 (page 12/42 du pdf Fig.2)
NB : Bien qu’étant 2 pièces différentes du mastax, N. Iakovenko ne fait pas la distinction d’un point de vue morphométrique entre trophus et ramus. Les dimensions du trophus seront donc celles du ramus (RaL, RaW).
Résultats des mesures pour la seconde partie (avec entre parenthèses le nombre de mesures) :
TL 178±6µ (2)
RaL 17,8±0,5µ (12)
RaW (=TrW) 6,7±0,1µ (14)
SSW 9,4±0,6µ (6)
FL 22,2±0,7µ (4)
FW 12,4µ (1)
RL 17µ (1)
RW 23,4±2,3µ (6)
SL 6,7±0,4µ (7)
Appareil digestif.
Il débute par la bouche côté ventral, se poursuit par un long entonnoir buccal conique, puis un court tube pharyngien (Fig.5), de longueur voisine de celle du ramus, conduit au pharynx qui contient l’appareil masticateur, le mastax (Fig.6).
Il est de type broyeur, dit « ramé »4 (page 30/85 du pdf), peu volumineux, et contient 2 mâchoires chitineuses demi-circulaires (les trophi), identiques, entourées d’une zone musculeuse les pilotant (Fig.6C). Chaque mâchoire ou trophus, est formée d’un squelette de plusieurs pièces dures et porteuses d’une série de « dents », l’uncus.
Le trophus est petit (RaL=17,8±0,5µ RaW=6,7±0,1µ).
Chaque uncus est parcouru de dents parallèles majeures (plus larges) et mineures (très fines).
On remarque sur la Fig.6C que les 2 premières dents majeures sont les plus grosses de la série, et que leur largeur diminue graduellement en allant vers la direction proximale. Les dents majeures de chaque uncus sont positionnées pour être alternantes. Au sommet de l’uncus sont les dents mineures4bis (page 3/11 du pdf – Fig.2) distales (Fig.6A), et au bas les dents mineures proximales (Fig.6B). J’ai compté, pour chaque uncus, environ 10 dents mineures distales et 10/11 dents proximales, soit 26 ou 27 dents au total, avec les dents majeures.
Ces dernières fournissent la formule dentaire en comptant leur nombre pour chacun, soit sur la Fig.6C : 6/6.
Sur d’autres images, dont ce crop Fig.6bis, l’uncus droit laisse entrevoir que la dent marquée +1 possède une taille intermédiaire entre la dent n°6 et la 1ère dent mineure qui la suit. Je peux donc proposer dans ce cas la formule 6/6+1. Mais l’image n’étant pas très nette, la formule 6/7 pourrait être aussi valable. Je reste donc dans l’indécision en proposant les 3 formules : 6/6, 6/6+1, 6/7.
En phase d’alimentation le mastax broie à la cadence d’environ 1 Hz. Selon le plan focal et en vue ventrale, on peut voir 2 ampoules piriformes (Fig.6D) qui pourraient être des glandes salivaires ou digestives, mais sans garantie !
Le mastax débouche (via un œsophage non vu) sur un estomac en forme de sac, rempli de nourriture contenue dans de nombreuses boulettes vaguement sphériques (Fig.7). Leur diamètre varie entre 4 et 6µ.
L’estomac est la partie la plus visible du système digestif du spécimen. A aucun moment je n’ai vu de lumière le traversant, ni aperçu l’intestin, qui doit le prolonger jusqu’au cloaque qui s’ouvre dorsalement sur le milieu extérieur via l’orifice cloacal (Fig.7A). Ce dernier s’ouvre largement et se ferme à une fréquence d’environ 0,1 Hz. Son ouverture maximale peut s’inscrire dans un cercle de diamètre de 10 µ.
Appareil reproducteur.
Positionnés latéralement à l’estomac, 2 germo-vitellaria5, 5bis de petite taille sont visibles (Fig.7B), dont l’un est plus gros que l’autre. Je n’ai déniché aucune image montrant « clairement » des noyaux à l’intérieur de ceux-ci, ni vu d’éventuels signes d’ovoviviparité chez ce spécimen.
Tronc.
C’est la partie de l’animal qui vient après le cou. Sa surface dorsale présente des plis longitudinaux et un transversal bien visible (Fig.8), avec un tégument constellé de ponctuations (Voir 1ère partie Fig.2-D).
Aucune image du spécimen étiré, ne m’a permis de définir sa longueur, soit l’intervalle entre le bord antérieur du 1er pseudo-segment du tronc et l'ouverture cloacale (c.a.d Tronc+Croupion).
Son extrémité postérieure se termine en se rétrécissant pour former le croupion (Fig.9-A), dernier de 2 pseudo-segments1 (page 6/20 du pdf, en haut et à gauche de la page) avant le pied.
La largeur du croupion (RW) est de 23,4±2,3µ . Sa longueur (RL=17,2µ) représente environ 10 % de la TL.
Pied.
Il fait suite à l’ouverture cloacale et est très court, la longueur (FL) vaut 12,5 % de la TL, la largeur (FW) 56 % de FL.
Muni de 3 orteils, courts ou rétractés (?), ressemblant étrangement à des disques adhésifs ; ceux-ci sont placés dorsalement.
Je manque d’information, ou ne dispose pas d’une assez bonne vision, pour dire s’ils font partie du dernier pseudo-segment comme les éperons.
Les éperons (Fig.9-B-C) sont courts, triangulaires, divergents, et aux extrémités pointues. Il n’y a pas d’espace intercalaire entre eux. Longueur d’un éperon (SL)=6,7±0,4µ, largeur du pseudo-segment portant les éperons (SSW)=9,4±0,6µ.
Les images non réduites peuvent être vues ci-dessous :
Habrotrocha partie 2
Détermination du genre.
Sous-classe :
Le schéma corporel du spécimen présenté (en particulier le trophus ramé) s’aligne sur celui de la sous-classe des bdelloïdea5 (page 2/7 du pdf).
• 3 régions distinctes : Tête-tronc-pied superficiellement segmentées,
• Tête et pied rétractables dans le tronc,
• Présence d’un rostre,
• Présence d’une antenne dorsale,
• Ouverture buccale ventrale précédée d’une couronne ciliée, rétractable dans la tête.
Ordre :
L’ordre est celui des Philodinida5bis (page 3/9 du pdf), car le spécimen possède deux disques ciliés, portés par des pédicelles. Ce ne peut être ni Adineta ni Philodinavida dont les têtes portent respectivement un champ cilié, et une seule couronne ciliée.
Famille :
L’appareil rotateur en 2 disques pédonculés, et un estomac sans lumière, le font classer dans la famille des Habrotrochidae4 (page 47/85 du pdf), de même que les dents mineures proximales et distales des unci.
Genre :
Genre Habrotrocha Bryce 1910 :
Plusieurs clés d’identification sont disponibles dont celle de Turner6 (Tables 1-2, page 2-3/6 du pdf).
...
Genre Habrotrocha : clés 5 8 14a 16 27 36 44 /généralement sur les mousses
5. Upper (dorsal) lip undivided
8. Pedicels well developed
14a. Lumen absent, where food pellets 611 body cavity
16. Food in pellets (do not mistake oil droplets for food)
27. Toes 3
36. Oviparous
44. Sometimes in 'bottle' secretion shell
…
Je n’ai pas de réponse pour les indices 36 et 44, autrement les autres indices sont OK.
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Détermination de l’espèce.
J’ai vu beaucoup de similitudes entre mon spécimen et l’Habrotrocha constricta Dujardin 1841 de M.Plewka7.
Comparaison de mon spécimen à celui présenté par M.Plewka :
Caractéristiques très ressemblant(e)(s)?
Disques apicaux/oui
sulcus/oui
Forme de la lame rostrale/oui
présence de cils tactiles/oui
Courbure du manubrium d’un trophus/oui
Forme lèvre supérieure/oui
Formule dentaire/oui/non (Plewka 8/8, mais peut varier de 6/6 à 8/83ter (p.9/29)
Forme de l’antenne/oui
Ponctuation du tégument/non (le spécimen Plewka possède de petits cratères)
Rostre en vue dorsale/oui
Forme des éperons/oui
pointus/oui
jointifs/oui
Orteils/non (le spécimen Plewka présente une plaque adhésive)
Longueur du spécimen/oui (dans la fourchette de ses spécimens 120-250µ)
Walter Koste3ter et al. (page 9/29 du pdf), fournissent quelques chiffres pour H.constricta : « Length : 193-322µ; trophi 13.5-20.0µ; pellets 3.5-5.0µ; teeth 6/6, 7/7 and also 8/8 ». Mesures non contradictoires avec mes miennes.
On trouve sur la toile, de nombreux dessins d’H.constricta provenant du début du XXème siècle, mais, vu leur peu de précision, ils ne m’ont pas permis d’aller plus loin que cette hypothèse.
J’en reste donc là dans mes (vaines!) recherches.
Si vous avez des suggestions, des critiques, ou repéré des erreurs… j’en serais preneur avec gratitude !
Amicalement,
Jean Luc
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Bibliographie 2ème partie :
1 Otostephanos (Rotifera, Bdelloidea, Habrotrochidae) with the description of two new species
NATALIIA S. IAKOVENKO, EVA KASPAROVA, MICHAEL PLEWKA & KAREL JANKO
Research Article Systematics and Biodiversity (2013), 1–18. [url=File:///C:/Microscopie/Observations/Protistes/Rotiferes/Bdelloides/TSAB2013_Iakovenko_et_al.pdf]Lien[/url]
2 Antarctic bdelloid rotifers: diversity, endemism and evolution.
N. S. Iakovenko, J. Smykla, P. Convey, E. Kas parova, I. A. Kozeretska. V. Trokhymets, I. Dykyy, M. Plewka, M. Devetter, Z. Duris, K. Janko. Hydrobiologia DOI 10.1007/s10750-015-2463-2. Lien
3ter Rotifera from Australian Inland Waters. I. Bdelloidea (Rotifera : Digononta) W. Koste and R. J. Shiel. Lien
4 Diego Fontaneto and Willem H. De Smet. 4 Rotifera
Lien
(page 30/85 du pdf, page 28/85 – Fig.4.38)
4bis Shape diversity in the trophi of different species of Rotaria (Rotifera,Bdelloidea) : a geometric morphometric study. DIEGO FONTANETO GIULIO MELONE.
Università degli Studi di Milano, Dipartimento di Biologia, Via Celoria 26, I-20133 Milano (Italy)
ANDREA CARDINI Via Porpora 125, I-20131 Milano (Italy).Lien
5 Freshwater Invertebrates of the Malaysian Region. Rotifera : Bdelloidea. Diego Fontaneto and Claudia Ricci. Dipartimento di Biologia, Università degli Studi di Milano, via Celoria 26, I-20133 Milano, Italy. Lien
(page 3/7 du pdf Fig.1)
5bis Key to the identification of the genera of bdelloid rotifers. Claudia Ricci & Giulio Melone. Lien
(page 4/9 du pdf Fig.1-4)
6 A simple generic key to the Bdelloid rotifers. Quekett ]ournal of Microscopy, 1999,38,351 - 356 351 Paul N. Turner. Lien
7 M.Plewka
* Eclairage R-DIC