A partir de l’exploitation de 2 anciennes vidéos (hélas pas terribles!), je reprends le collier avec un rotifère bdelloïde, provenant d’une culture sur mousse.
Je le décrirais comme suit :
En phase de déplacement (Fig.1), le corps est petit, mince, fusiforme. Suivant les positions prises par l’animal, on distingue 4 parties : tête, cou, tronc et pied.
Celles-ci montrent parfois des plis transversaux, qui sont la marque de pseudo-segmentations permettant à l’animal de rétracter tête, cou et pied à l’intérieur du tronc.
En phase d’alimentation, l’animal déploie une couronne ciliaire constituée de 2 disques élevés sur des pédicelles courts, et garnis de cils longs utilisés pour créer des courants d’eau en direction de la bouche.
Lorsque la couronne est repliée, un rostre porteur d’une touffe ciliée se porte en avant de la tête. Il est recouvert dorsalement d’une lamelle rostrale transparente bilobée.
La tête, est portée par un cou à 3 pseudo-segments. Une antenne dorsale de faible longueur, est fixée sur le premier pseudo-segment du cou.
L’appareil masticatoire (mastax) est éloigné de la bouche, de petite taille et de type broyeur (ramé). Il comporte 2 mâchoires (trophus), chacune pourvue de 6 grosses dents, ce qui conduit à priori à la formule dentaire de 6/6, qui sera discutée ultérieurement.
Le mastax est suivi d’un estomac sans lumière, rempli de vacuoles digestives (ou boulettes stomacales) nombreuses. Bien que de petite taille, 2 gonades latérales sont visibles à hauteur de l’estomac. Une ouverture cloacale marquant la limite postérieure du tronc, termine la chaîne digestive.
Le pied court et trapu se termine par 2 éperons de forme triangulaire, et est pourvu de 3 orteils.
Je n’ai distingué aucune tache oculaire.
Mesures :
J’ai adopté, autant que faire se peut, les protocoles utilisés par Nataliia S. Iakovenko1, 2, qui sont un essai de standardisation des mesures externes des bdelloïdes.
La plupart des mesures fournies, le sont avec un intervalle de confiance calculé pour un niveau de 95 % à l’aide de la table de Student. Les mesures sans intervalle sont le résultat d’une seule mesure, faute de mieux.
Abréviations utilisées :
BW Largeur du corps (Body Width) (en extension)
HW Largeur de la tête (Head Width)
RaL Longueur du ramus (Ramus Length)
RaW Largeur du ramus (Ramus Width)
SSW Largeur du pseudo-segment de l’éperon (Spur Segment Width)
Pour schéma voir Protocole Iakovenko1 (page 7/20 du pdf Fig .2-3)
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CW Largeur de la couronne (Corona Width)
FL Longueur du pied (Foot Length)
FW Largeur du pied (Foot Width)
HL Longueur de la tête (Head Length)
NL Longueur du cou (Neck Length)
RL Longueur du croupion (Rump Length)
RW Largeur du croupion (Rump Width)
SL Longueur de l’éperon (Spur Length)
TL Longueur totale (Total Length) (en extension)
TrW Largeur du trophus (Trophus Width)
Pour schéma voir Protocole Iakovenko2 (page 12/42 du pdf Fig.2)
J’ai rajouté :
AL Longueur de l’antenne (Antenna Length)
Résultats des mesures pour la première partie (avec entre parenthèses le nombre de mesures) :
TL 178±6µ (2)
BW 34,8±2,5µ (2)
HL24,5±1,3µ (6)
HW 22,6±2µ (4)
CW 20,3±0,5µ (9)
NL 43,7±0,5µ (4)
AL 7,4µ (1)
Morphologie détaillée :
Corps (Fig1). De taille modeste (TL=178±6µ), fusiforme, sa largeur représente à peine 20 % de la longueur totale du corps (BW=19,6 % de TL), et la plus grande largeur corps étiré intervient aux 3/5 de la longueur à partir de la tête.
Son tégument n’est pas « lisse », mais parsemé de petites ponctuations (Fig.2D) repérées sur le cou et le tronc, au gré des plans focaux.
La tête.
La tête est à peine plus longue que large (HL=24,5±1,3µ contre HW=22,6±2µ), et représente environ 14 % de la TL. Elle porte l’appareil rotatoire appelé la couronne. La couronne est légèrement moins large que la tête (CW représente 90 % de HW). Elle est constituée d’une paire de disques apicaux (Fig.2A-Da), chacun étant bordé par une rangée ciliaire antérieure, le trochus (Fig.2A-Tro) et une rangée inférieure, le cingulum3, 3bis (Fig.3A-Ci) inséré à un coussinet (Cc), et visible en vue ventrale. Ces 2 rangées ciliaires se fondent à l’avant de la couronne.
Les disques apicaux sont portés par des pédicelles courts (Fig.2B-Pe). Chacun d’eux montre en vue dorsale quelques « papilles » (Fig.2C-Pa) qui sont peut-être pourvues de cils tactiles (difficile à voir). Ils sont séparés par un espace étroit, le sulcus, peu profond et en forme de U (Fig.3D-Su). Il est recouvert côté dorsal par la lèvre supérieure (Fig.2C-Ls). Elle est large, triangulaire, cachant une partie des disques apicaux, mais ne semblant pas dépasser le sommet de ceux-ci.
Côté ventral, on trouve la bouche (Fig.3A-Bo), bordée par les cils du cingulum (Ci), et suivie de l’entonnoir buccal (Eb). Le bord ventral de la bouche devrait constituer la lèvre inférieure, mais je ne sais pas la repérer avec précision.
Rostre.
En avant de la tête quand l’animal se déplace, il est court, étroit (12,7µ), et muni d’une épaisse touffe de cils, dont la longueur n’excède pas la dizaine de µ (Fig.4B-Cr). Dorsalement, il est recouvert par la lamelle rostrale présentant 2 lobes (largeur env. 12µ) (Fig.4A-Lr). Les cils tactiles sont ici visibles (Fig.4C-Ct).
Quand l’animal se nourrit, le rostre est replié dans la tête et ne laisse apparaître en vue dorsale, qu’une aire ciliaire s’inscrivant dans un carré d’environ 9 µ de côté (Fig.2A-Ro).
Cou.
Le cou ne se distingue pas facilement de la tête et du tronc. L’article de N.S.Iakovenko1(page 6/20 du pdf, haut de page), spécifie que le cou est constitué de 3 pseudo-segments, et que la position de l’antenne dorsale en marque le premier de ceux-ci. J’ai donc numéroté les pseudo-segments 2 et 3 correspondant au reste du cou sur l’image de la Fig.3D. On voit donc clairement que le tronc commence à la marque jaune, là où finit le cou, c’est-à-dire antérieurement au pseudo-segment 4, et non au 5 comme je le pensais à tort. Au pli transversal (Plt), correspond peut-être un pseudo-segment (marque blanche). Les pseudo-segments marqués 4-5-6 seraient donc les 3 premiers pseudo-segments du tronc.
Ceci dit, j’ai constaté sur plusieurs captures d’images, que le pseudo-segment 2 du cou est très souvent emboîté dans le pseudo-segment 3, donc invisible!
Le cou est modérément long, NL représente 24,5 % de TL.
L’antenne dorsale est petite (AL=7,4µ - mesure contestable car non prise sur une vue de côté), avec 2 segments et des cils courts (Fig.3C-Ad). Sa longueur représente 38 % de la dimension transversale (largeur) de son pseudo-segment porteur (19,5µ).
Les images non réduites peuvent être vues ci-dessous :
Habrotrocha partie 1
Fin de la première partie, à bientôt...
Jean Luc
Bibliographie 1ère partie :
1Otostephanos (Rotifera, Bdelloidea, Habrotrochidae) with the description of two new species.
NATALIIA S. IAKOVENKO, EVA KASPAROVA, MICHAEL PLEWKA & KAREL JANKO
Research Article Systematics and Biodiversity (2013), 1–18
Lien
2Antarctic bdelloid rotifers: diversity, endemism and evolution
N. S. Iakovenko . J. Smykla . P. Convey . E. Kas parova ́ . I. A. Kozeretska . V. Trokhymets . I. Dykyy . M. Plewka . M. Devetter . Z. Duris . K. Janko. Hydrobiologia DOI 10.1007/s10750-015-2463-2 Lien
3Rotatory apparatus in Bdelloids
Giulio Melone & Claudia Ricci Department of Biology, University of Milan, Via Celoria 26, 20133 Milano, Italy.
Lien (page 5/9 du pdf – Fig.8).
3bisA Guide to Identification of Rotifers, Cladocerans and Copepods from Australian Inland Waters: Identification Guide Series No. 3. R. SHIEL. 1995 Lien (page 28/151 du pdf – Fig.13).
* Eclairage R-DIC