Bonjour à tous,
Au dela des questions de détermination au demeurant fort intéressantes, il me semble vraiment que le coeur du problème posé par cette friche fleurie est la notion de naturalité face à celle d'aménagement.
Il me semble qu'il faut éviter les positions tranchées. Je dirais amicalement à Sylvain que sa formule: "la nature en France correspond à des écosystèmes dévastés en profondeur par 15000ans d'aménagement" est péjorative. Et parler d'"écosystèmes simplifiés à l’extrême" en France n'est pas toujours exact à mon sens.
Certes les pavillons avec leurs piscines qui entourent la ville d'Aubenas correspondent bien à cette définition, la biodiversité végétale y est limitée au ray grass des pelouses et à quelques lavandes et romarins ornementaux...
Mais à l'inverse les garrigues ou les pelouses certes secondaires et d'origine anthropique, ont une biodiversité qui peut être supérieure à celle des forêts primaires. Les orchidophiles par exemple prospectent souvent de nouvelles pelouses dans des milieux fortement artificialisés. L'intervention humaine peut être à l'origine d'une augmentation de la biodiversité, au moins en terme de diversité d'habitats.
De la mème façon, Fred, ma remarque sur les cultivars n'était pas péjorative, pas besoin de smiley confus.
Je ne défend ni le tout "naturel" (qui n'est souvent qu'idéologique) ni le tout régulé par l'homme (qui n'est pas viable à long terme et à grande échelle)
En fait de catalogue de grainetier, je pense à des livres nommant les variétés commercialisées.
Malheureusement, la botanique horticole est beaucoup moins précise que la botanique fondamentale. Et les cultivars sont souvent moins bien inventoriés que les espèces botaniques. C'est lié à des canaux de diffusion différents et à des objectifs de communication différents en science fondamentale et en science appliquée.
Je regrette le fait que les travaux des horticulteurs ne soient pas plus diffusés car ils nous donneraient surement des exemples d'évolution actuelle guidés par la sélection artificielle (humaine).
En résumé, le résultat de l'intervention humaine n'est pas toujours mauvais en terme de biodiversité. La richesse des coloris de la friche de Fred en est la preuve.
Mais n'oublions pas que le résultat de cette saison bénéficie d'un travail de la terre initial, et du travail des semenciers étalé sur de grandes durées et de grandes surfaces de sol... Cela peut être renouvelé chaque année ( d'ailleurs, à mon avis c'est quasi indispensable pour les espèces adventices comme la Nielle )
Mais à terme, un fonctionnement plus économe en intervention humaine peut être préféré.
Toutefois, on ne peut pas être totalement biomimétique. Le climax de la chènaie charmaie n'est pas ce que souhaite Fred. Il faut aussi éviter l'apparition de formations secondaires inopportunes comme les fourrés à pruneliers ou pire, les ronciers. Mais l'image montrée par André montre que le simple traitement par la fauche annuelle conduit aussi à de belles prairies! Fred a déja des marguerites qui tiendront, et il peut implanter l'orchis pyramidal par semis pour accélérer la convergence vers la prairie alsacienne.
Pour compléter mon avis sur la naturalité en France, on sait que les forêts primaires sont extrêmement rares, mais quelle est la situation actuelle de la biodiversité des habitats?
si on compare l'Ardèche et la Cote d'or au niveau de la couverture du sol telle que répertoriée avec le programme Corine Land Cover, on constate dans les 2 cas, une assez forte emprise des espaces urbains et industriels en rouge et violet. C'est leur développement qui à mon avis constitue la plus grande menace pour la biodiversité.
Grace au relief, il y a un peu plus, en vert, d'espaces semi naturels forestiers en Ardèche. Il faut préserver ce qui en reste en Cote d'or et partout, une proportion suffisante de ces espaces pour leur biodiversité...
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Les espaces agricoles en brun et beige sont beaucoup plus développés vers chez Fred ( surtout cultures maraichères de la vallée de la Saone face à vignobles dans la vallée de l'Ardèche ).
C'est sur ces terrains agricoles, mais extensifs, que l'on peut le plus facilement jouer pour avoir une biodiversité qui nous soit agréable et qui permette un fonctionnement durable...