Anemone pulsatilla L. ssp. bogenhardtiana, sujet de Daniel


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Anemone pulsatilla L. ssp. bogenhardtiana, sujet de Daniel

Messagede Gérard-Breton » 07 Mai 2015 13:32

Bonjour Daniel, tous,

Daniel, tes réflexions sur les limites de l’espèce ou du genre sont pertinentes. Tu les développes à propos de phanérogames : il est vrai que les botanistes ont parfois tendance à avoir une démarche très analytique, très « découpeuse de taxons en quatre ». Ce n’est pas un reproche, c’est une constatation. Mais les zoologistes ne font pas mieux, même si le Code de Nomenclature limite leurs ardeurs à la sous-espèce, alors que le Code de nomenclature Botanique parle des taxons infrasubspécifiques, variétés ou autres. Et si nous arrivions aux bactéries, nous aurions besoin nécessairement de la biochimie pour nous y retrouver...
Tout ceci pour ajouter à ta réflexion que la démarche naturaliste, essentiellement morphologique, a encore sa place en systématique (je te cite : « Flora gallica est assez analytique en séparant des sous espèces sur des caractères morphologiques assez ténus »).
Le naturaliste est celui qui sait voir les différences significatives. Mais la démarche naturaliste (que j’ai toujours défendue et que je continue à pratiquer) est de plus en plus bousculée par les praticiens de la biochimie et de l’ADN. Pratique certes utile, mais qui n’est pas à la portée de chacun. Où allons nous nous retrouver si l’animal est réduit à un code génétique, s’il faut « barcoder » chaque espèce pour qu’elle ait le droit de cité en science ?
Et encore, tu as évoqué le genre, dont je disais il y a quelque temps que c’est le taxon le plus arbitraire. Les taxons supérieurs me semblent plus faciles à délimiter, même si la tendance inexorable qui se dessine depuis quelques décennies, principalement en zoologie des invertébrés, est la dérive de chaque taxon vers le taxon supérieur : le genre devient famille, la famille devient sous-ordre etc.
Merci pour le partage des photos et des réflexions
Cordialement
Gérard Breton
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Re: Anemone pulsatilla L. ssp. bogenhardtiana, sujet de Daniel

Messagede Daniel » 09 Mai 2015 21:15

Bonjour,
merci pour ton message qui permet de lancer une discussion.

Le genre est un taxon très arbitraire. Mais il y a néanmoins des logiques dans son choix.
Depuis longtemps, les naturalistes cherchent une classification naturelle, qui suit un "ordre de la nature". Avec Darwin, la classification vise à ordonner l'évolution du vivant. Et dans un cadre phylogénétique, les taxons doivent être monophylétiques, c'est à dire renfermer l'ensemble des descendants d'un ancètre. La tendance est donc d'éliminer certains groupes comme celui des "poissons" car ils sont paraphylétiques ( ils ne comportent qu'une partie des descendants d'un ancètre).

Je pense que le choix de revenir à un grand genre Anemone incluant les Pulsatilla est lié à cela:
Le genre Anemone amputé des Pulsatilla est vraisemblablement paraphylètique.

Il y a d'autres raisons qui amènent à modifier l'agencement des genres.
J'ai fait ce WE des sorties orchidées et j'ai une multitude d'hybrides à vous présenter pour débuter un débat sur la notion d'espèce...
Avant, pour rester à la définition du genre, il faudrait que je vous montre des hybrides entre des espèces ayant appartenu au genre Orchis et maintenant regroupées dans le genre Neotinea.
Ces dernières illustrent des regroupements dans un genre créé du fait de la proximité génétique mise en évidence par les possibilités d'hybridations entre espèces du nouveau genre et pas avec celles du reste du genre antérieur morphologiquement proches.

Il est un peu tard pour traiter mes images, car j'ai une autre sortie demain, mais promis, je ferai un post sur le nouveau genre Neotinea défini à partir des hybridations
et un autre sur quelques hybrides d'Ophrys vus ce samedi...
Daniel Nardin
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Re: Anemone pulsatilla L. ssp. bogenhardtiana, sujet de Daniel

Messagede 6le20 » 18 Déc 2015 18:07

Bonsoir à tous
Je vous livre ces quelques réflexions personnelles (et un peu décousues) dans le but d’alimenter le débat.

Au fil du temps ma conception de l'espèce a subit bien des transformations.

Il y a plus de 40 ans, travaillant à partir de Mollusques marins fossiles, j'avais tout d'abord remarqué qu'il y avait une certaine variabilité plastique des individus, puis des populations d’une même époque à quelques dizaines de kilomètres de distance.
Linné étant après tout un fixiste qui ne connaissait pas encore les travaux de Darwin (il avait une bonne excuse, 80 ans l’en séparait !), la notion d’espèce n’intégrait pas le voyage dans le temps qu’elles font à chaque instant. Après tout le fixisme correspond à une représentation du monde qui n’est pas loin du binaire, une conception peut-être simpliste, mais qui a le mérite d’être confortable.

La « Nouvelle Ecole » fit des ravages en créant par exemple plus de 300 espèces distinctes pour la moule commune (Mytilus edulis). d’aberrations en aberrations elle finit par disparaitre, mais laissa sa trace dans la tête de nombreux systématiciens. Et puis il y avait l’égo. Laisser sa trace en nommant une nouvelle espèce, quelle tentation !

La théorie des équilibres ponctués de Gould et al., finit par éclairer les coins sombres des anomalies paléontologiques que j’avais repérées, mais aussi expliquait le vivant tel que je l’étudiais dans mes années consacrées à la biologie marine, puis continentale ; par le biais d’autres phylums.
Mais quand je vis la génétique apparaitre dans les labos, elle me plongea dans la perplexité. Je voyais des gens distinguer des espèces jumelles qui ne se différenciaient qu’au niveau génétique (cas d’un oursin des Kerguelen entre les population sous le vent et au vent). Je crus voir une nouvelle Nouvelle Ecole pointer son nez. Ces généticiens, avaient tout du matheux, rien du biologiste, et l’argent comme la mode coulaient à flot vers eux… Exit les naturalistes.

Et puis en étudiant le vivant, je finis par comprendre que chaque individu, chaque population se comporte comme un isolat et s’adapte pleinement aux ressources disponibles localement. C’est ainsi qu’un figuier poussant dans une faille de rocher en garrigue sera tout rabougri, mais qu’un autre poussant au bord d’un puits sera si grand et si majestueux que les mensurations de leur différents organes n’auront rien à voir : variété assoiffée d’un côté et satiété de l’autre…
Nous avons aussi tendance à oublier que l’alternance des périodes glaciaires a créé une multitude d’isolats que les périodes interglaciaires ont remis en contact. Provoquant l’apparition de bizarreries hybrides proches les unes des autres, certains morphotypes perdurant.
Au final, aujourd’hui, je continue à voir dans les espèces des organismes polymorphes qui tentent un tas d’option en fonction de ce que le milieu leur offre comme possibilités et comme contraintes. Gould rapporte dans un de ses ouvrages le cas d’un lézard lâché volontairement sur une ile des Bahamas et qui en quelques décennies est devenu morphologiquement vraiment très différent de l’espèce originale. En voie de spéciation indubitablement, mais pour l’instant serait-elle distincte par la génétique ? Mystère. Tout au plus pourrait-on en faire une variété… Mais si un zoologue du XVIIème siècle les collectait aujourd’hui il en ferait à coup sûr des espèces distinctes…

Tour ça pour dire que dans un univers où tout est changement, ou toute vie est en mouvement adaptatif, la notion d’espèce dépend essentiellement des critères retenus par l’observateur.
Amicalement

Sylvain
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